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Golega (Portugal) - 8 novembre 2007


Sommaire de la catégorie "Compte-rendus" 

Golega (Portugal) - 8 novembre 2007 
Un même événement, plusieurs éclairages .

 

1/     La Féria de Golega     
écrit par le Colonel Christian Carde  ( parution page d'accueil le 26 novembre 2007 )


          

Etonnant, le spectacle qu’offre la foire de Golega !
Pendant une semaine le cheval Lusitanien est roi dans cette ville du Portugal située à une heure au nord de Lisbonne, à deux pas de Fatima haut lieu de spiritualité.
Par centaines les chevaux se rassemblent autour de la ville et dans celle-ci. Par milliers les amateurs de Lusitaniens se retrouvent dans une ambiance de fête foraine qui semble d’un autre âge tant le décor pourrait avoir été le même il y a bien longtemps. Et, du début de la matinée jusque tard dans la nuit, c’est un long ruban qui s’étire à main gauche sur la large piste autour de la carrière de présentation : cavaliers en tenue traditionnelle ou simples jeans, amazones, attelages à un, deux ou trois, honorables septuagénaires ou tout jeunes enfants déjà solides en selle. Les uns au pas, d’autres au galop ; certains tentent un piaffer difficile à réussir dans cette cohue organisée. Du bruit, du mouvement, de la joie, de la fierté d’être là et de montrer qui son savoir faire, qui son cheval, qui sa belle tenue traditionnelle si seyante aux hommes et encore plus aux femmes.
Au centre, ce sont les présentations de jeunes chevaux de trois et quatre ans, en main et monté, le concours d’attelage, la présentation des écuyers de l’Ecole Portugaise d’Art Equestre conduite par son directeur Filipe Graciosa.
Ici et là, on rencontre les grands noms du pays, Guillerme Borba, Diogo de Bragance, Alvarito Domecq venu en voisin, et la charmante petite fille de Nuno Oliveira.


Les chevaux de Pia de Vasconseillos


Devant le stand:  Julio Borba

Dans des manèges périphériques se disputent des épreuves de Dressage ou des présentations commentées par Mariette Withages elle-même.

Plus loin, à l’auditorium, ce sont les activités culturelles ou les études. Ainsi le colloque sur la décontraction de la mâchoire, qui m’a conduit à intervenir. Mais aussi la réflexion sur l’avenir du cheval Lusitanien dans la compétition de Dressage, débat orchestré par la présidente de la commission de Dressage de la FEI elle-même. Car la compétition a aussi pénétré cette fête traditionnelle. Et certains s’inquiètent de la tendance à modifier les caractéristiques de ce cheval baroque que d’aucuns voudraient plus adapté dans son modèle et ses allures aux exigences des concours actuels.
Nous voilà revenus à la même grande question : aller faire ensemble équitation classique et compétition, c’est éviter les pièges de la mode et ses fâcheuse conséquences. C’est aussi garantir l’avenir de la discipline et de tous ses périphériques économiques.
A Golega, je me suis permis de le rappeler à celle qui conduit les affaires du Dressage dans le monde.

(Photos C.Carde )

2/     Compte-rendu du colloque de Golega  
écrit par Laetitia Bataille.

 

 
J’ai entrepris, dès l’année 2003, une étude sur les effets de la mobilisation de la mâchoire du cheval et ses effets parfois surprenants. Ayant parlé à Patrice Franchet d’Esperey de mon souhait d’organiser un jour une table ronde sur ce sujet, il m’a proposé d’en faire le thème du X° Colloque de l’Ecole nationale d’Equitation. Celui-ci s’est tenu en juin dernier à Saumur sous le titre “La vérité sortirait-elle de la bouche des chevaux ?”


Intervention du Colonel Christian Carde
(photo C. Carde)

Ce colloque a surpris et fait bouger beaucoup de choses…à tel point que la ville de Golega, au Portugal, m’a demandé d’“exporter” cette étude lors de la traditionnelle Foire du cheval du mois de novembre.

Si Patrice Franchet d’Esperey n’a pu s’y rendre (très pris par l’organisation du colloque sur les “quatre écoles” qui devait avoir lieu quelques jours après) le Cadre Noir a été représenté par le Colonel Carde, qui a fait une intervention d’une gande clarté sur la légèreté dans la compétition de dressage, insistant sur la nécessité de respecter les textes fondateurs de la FEI, parfois si ouvertement bafoués. Aux intervenants français qui avaient accepté de faire le voyage (et que je remercie !) s’ajoutaient des intervenants étrangers parmi lesquels Filipe Figueiredo (Graciosa), Ecuyer en chef de l’Ecole de Lisbonne, Luis Valença, et Idès Marchal, fondateur de l’Académie belge d’Art Equestre. L’intervention de Nelly Valère témoignait des opinions d’équitants de toutes disciplines (notamment Felix Brasseur, neuf fois Champion du monde d’attelage à quatre) et des perspectives d’avenir dans la recherche.
Les aspects vétérinaires ont également été traités, avec les interventions du Dr Fuss sur l’anatomie et la dentisterie, et du Dr Servantie, qui enseigne l’ostéopathie à l’Ecole Vétérinaire de Nantes. Ce dernier a témoigné de ses observations démontrant que la mobilité de la mâchoire permet le soulagement de certains états pathologiques. Cette mobilisation de la mâchoire, corollaire de la légèreté, n’est donc pas seulement le garant -et le témoin- d’une équitation esthétique et juste ; elle semble apporter au cheval un réel confort et une meilleure fonctionnalité, voire constituer une thérapie. Ces études n’en sont qu’à leur début. Et je souhaite que la voie soit ainsi ouverte à de nouvelles recherches dans un domaine où la bouche du cheval n’a certainement pas dit son dernier mot…   
 
Cession, flexion ou mobilisation ? 
C’est à dessein que j’ai retenu pour ces colloques le terme de mobilisation de la mâchoire. En effet, le terme de flexion, souvent entendu, prête à confusion avec les flexions d’encolure ou de nuque ; en outre, l’os mandibulaire ne saurait se plier ! La mâchoire est une articulation : son ouverture ne correspond pas à une flexion, mais…à une extension, qui en est le mouvement antagoniste. Quant au terme de cession de mâchoire, il peut être mal compris, car il comporte une notion de contrainte, et peut même (comme le dangereux mot ramener) évoquer une idée de traction. Ce pessimiste est hélas alimenté par une longue observation de ce qui se passe parfois lorsque les cavaliers veulent “faire céder” leur cheval : cisaillement ou mouvement rétrograde…

3/     Relations entre la bouche du cheval et le dos ?    
Le point de vue d’un ostéopathe  

écrit par le Dr Jean Servantie,vétérinaire, ostéopathe-acupuncteur équin.
GOLEGA   (Portugal),   le 08 11 2007

        -  Synthèse  - 

Dans l’approche ostéopathique, la cession de mâchoire est toujours le fruit de la résolution d’une restriction de mobilité, vécue sous forme d’une résistance par le cavalier. Le cheval se met à mâchonner, à déglutir, à respirer profondément, à bailler : il se détend et accepte notre proposition thérapeutique.
Dans les thérapies globales (ostéopathie, acupuncture…), la notion de holisme est un principe fondateur : selon Hippocrate « Toutes les parties du corps forment un cercle, chaque partie est donc, à la fois, commencement et fin ». L’interconnexion des différentes parties du corps est, dans cette approche, une évidence, et une action sur l’une d’elles va interagir sur l’ensemble des autres. Comment peut-on essayer de l’appréhender ?

  • La pratique quotidienne révèle l’existence de coïncidences pathologiques extrêmement fréquentes telles que les résistances dans la région de la nuque à droite et des tensions, blocages, restrictions de mobilité (quel que soit le mot technique, l’effet pour le cheval est le même) dans la région sacro-iliaque du même côté.

  • Par l’étude de l’anatomie du cheval, de nombreux liens entre la bouche du cheval et le reste de son corps sont objectivables :
- des relations ostéo-articulaires, mettant en avant l’articulation entre le sphénoïde (connecté au maxillaire) et l’occiput (connecté à la mandibule), importante pour les ostéopathes.
- des relations musculaires multiples mettant la main du cavalier à la croisée des lignes musculaires dorsale ( l’extension, l’impulsion, le yang des chinois ) et ventrale (la flexion, le rassembler, le Yin des chinois ). La relation appareil hyoïdien-muscle digastrique (les rênes de la mandibule pour un ostéopathe !) amplifie fortement les actions néfastes d’une main peu sensible.

- des relations nerveuses, mettant en avant le rôle important du système nerveux autonome, responsable de la salivation et véhicule majeur des manipulations ostéopathiques et des traitements acupuncturaux.
- des relations fasciales elles aussi fondamentales pour l’ostéopathe, avec son outil diagnostique : le Mouvement Respiratoire Primaire.

  • Les conditions d’apparition des dysfonctions ostéopathiques sont multiples et suivent les quatre principes fondamentaux :
- l’interdépendance structure/fonction : par exemple, un blocage L6-S1 va restreindre l’engagement d’un postérieur.
- l’unité de fonction de l’organisme, notion d’holisme déjà évoquée.
- la capacité d’auto guérison du corps. L’ostéopathe sert de pivot, de point d’appui permettant au cheval de corriger, par sa force musculaire que nous orientons, ses restrictions de mobilité.
- la règle de l’artère : une région mal vascularisée va s’affaiblir, cas typique des blocages cervicaux thoraciques gênant la vascularisation des antérieurs.

  • Divers sens d’installation des pathologies peuvent être rencontrés en relation avec l’articulation temporo-mandibulaire (ATM) du cheval :
- des pathologies descendantes, le trouble occlusif est primaire, et la correction dentaire indispensable. Ces douleurs buccales seraient responsables de 35% des dorsalgies chez l’homme.
- des pathologies ascendantes : tout déséquilibre du bassin (que la cause soit post traumatique, conséquence d’une arthropathie chronique, travail mal conçu…) va se retrouver au niveau occipital et donc crânien le long de la chaîne musculaire dorsale. Une main rigide va transformer une dissymétrie en tension : le cheval s’appuie fort sur la main, passe au dessus de la main et ses brachiocéphaliques deviennent très tendus… 
- des pathologies mixtes : certainement les plus fréquentes. La leçon à retenir de ces pathologies complexes est qu’en cas de récidive permanente des mêmes pathologies, une cause primaire silencieuse est négligée, et il convient toujours de se remettre en question avant de condamner un cheval.

  • Conclusion : L’ATM est le premier relais de transmission de l’action des mains du cavalier. La présence du mors sur la barre et les actions du cavalier vont amplifier les tensions locales, permettant de les objectiver, de les localiser, de les comprendre et ainsi d’agir ! La pathologie n’est pas seulement déséquilibre ou dysharmonie, mais c’est aussi, et peut être surtout, effort de la nature en l’homme, ou cheval, pour obtenir un nouvel équilibre. Pour positiver, la maladie est une réaction généralisée, signal d’un désir de guérison. L’ostéopathe (et le cavalier ?) ne fait que proposer une technique correctrice accompagnant l’action médicale naturelle du cheval, en prolongeant ses mouvements intimes de guérison. La mécanique du cheval est en constant déséquilibre, l’important pour lui est de s’y sentir bien…
 

 


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