Chronique d'une débutante éclairée.
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Bonjour, bonsoir.
Cela fait maintenant plusieurs mois que je parcours ce forum en tant que fantôme (comme le disait Margot dans sa présentation). Ainsi je scrute les débats autour des techniques du dressage, comme du cheval en général, tout en ayant une attention particulière à mes postes fétiches, tel que celui de l'évolution de la belle Magali et de sa jolie boulette, comme elle se plaît à l'appeler, ou plus récemment, le topic de Margot et de sa "girafe", Little Mary.
Mais cette semaine, j'ose enfin me créer un compte personnel, afin de participer au forum. Enfin... "Participer" est un bien grand mot. Je pense que je vais surtout continuer de vous lire, et noter précieusement les indications de chacun, histoire de les mémoriser un jour dans ma caboche. Car, soyons francs, ça n'est pas avec mes douze années en tant que cavalière de club, et mes cinq autres en tant que propriétaire, que je vais réellement apporter ma pierre à l'édifice ; si ce n'est une certaine naiveté, et un optimisme parfois agaçant selon certains. Cependant, il m'a paru judicieux de me présenter et de vous faire partager l'avancée de l'éducation de mon petit cheval, afin d'obtenir un maximum de conseils.
Passons aux choses plus sérieuses. Comme l'indique le titre de mon message : je me considère comme éternelle débutante, mais éclairée. En effet, malgré ma couleur de cheveux, qui me porte souvent préjudice, j'essaye de monter avec le peu de cervelle qui me reste, et bien entendu avec mon coeur. J'ai donc une certaine éthique. Aussi, je prône la pratique d'une équitation respectueuse basée sur la compréhension et le respect de la nature profonde d'un cheval, en lui offrant des modes de vie et d'expressions adéquats. J'apprécie la tolérance et l'ouverture d'esprit : chacun choisissant la voie qui lui convient tout en respectant celles des autres, dans la mesure où elles permettent au cheval de conserver son intégrité. Dire "un cheval ça doit vivre comme ci et être monté comme ça", c'est déjà clouer le bec à ces 2 valeurs chéries.
Comme je l'ai fait sur le forum d'Yves Katz (eh oui, je suis sur tous les fronts !), je pense qu'il est temps de vous présenter mon compagnon à crins, qui vient tout juste d'entrer dans ma vie, puisqu'il a posé ses sabots sur le sol angevin le 08 Mai dernier.
Voici donc Ys Kumo (prononcé Koumo) , petit cheval bouclé de son état (curly), né en 2007 au Canada, et hongre depuis Octobre 2011, mais ayant déjà saillie en France.
"Ses objectifs" : construire un partenariat avec son humaine et devenir un cheval bien dans ses sabots, passe partout, calme -en avant et droit (petit clin d'oeil au général L'Hotte)-, polyvalent, mais qui s'attelle avant tout à la lourde tâche qui est de devenir un "danseur étoile".
Kumo est donc entré dans ma vie en Mai dernier, suite à la séparation de ma première jument connemara. L'idée de me séparer de cette dernière m'avait effleurée plus d'une fois l'esprit. Opale (c'est son nom) est et restera une jument exceptionnelle, mais une jument pour une personne aimant avant tout l'équitation. Son caractère ne me correspondait pas et il manquait ce petit truc entre nous qui fait que.. Les coups de cœurs ne font pas tout, je le sais, mais ils sont importants lorsque l'on ne conçoit pas le cheval comme une simple bête de concours. Ce n'est pas faute d'avoir essayé de me persuader. Heureusement que je suis tombée sur elle, car c'est une jument qui s'est toujours montrée douce et clémente, qui m'a formée et sur avec laquelle j'ai pu faire mes premières erreurs. Mais que voulez vous : l'amour ne s'invente pas. Je reste néanmoins très fière d'avoir pu croiser sa route.
Opale est donc partie rejoindre sa famille le 08 Mai 2012. Elle joue aujourd'hui les maîtres d'école pour une jeune cavalière se prénommant Suzanne. Toutes deux s'entendent à merveille, et la belle a su trouver sa place dans ce superbe élevage familiale de curly (l'élevage Desys), dans lequel j'ai récupéré Kumo.
Revenons au frisé. D'ailleurs, que veut dire Kumo ? Kumo signifie "araignée" en japonais. Son éleveuse canadienne a été longtemps au Japon et à de suite penser à ce terme lorsqu'elle a vu ses longues jambes se dessiner au fil de la mise à bas
Sa généalogie est issue d'une savante construction de chevaux de travail et de gaited (c'est un Curly aux allures relevées, aériennes, très confortables pour le cavalier. Ces gaited descendent de Curlies croisés avec des Missouri Foxtrotter.), dont il a pris le meilleur à chaque fois.
Je ne connaissais pas du tout la race, sauf dans les magasines où l'on parle d'eux pour leur originalité permettant aux personnes allergiques de faire de l'équitation. Ma rencontre avec lui a donc été une véritable découverte de ces petits chevaux. Le caractère de ces chevaux est vraiment surprenant, et je suis tombée amoureuse de leur tempérament et de leur polyvalence. Leur tempérament et leurs attitudes me fascinent.
Comme beaucoup de propriétaires, j'ai du passer par une grosse remise en question . J'ai totalement abandonné l'équitation proposée dans certains "clubs usine", avec les enrênnements et tout le toutim, afin de re-gagner la confiance et le respect des chevaux que je côtoie quotidiennement. La découverte des techniques proposées par l’équitation éthologique et la lecture de différents ouvrages et thèses éthologiques (la vraie cette fois), m'ont permis de renouer le dialogue avec les équidés et ont peu à peu changé ma façon de les aborder. Je ne suis pas pour autant une fanatique du sans mors, du pied nu et des selles sans arçon. Toutefois, je suis persuadée que l'utilisation d'outils variés permet de valider l'apprentissage et confirme l'harmonie installée entre le couple cheval-cavalier.
Autodidacte volontaire, mais aussi par défaut -je suis loin d'être Crésus -, j'ai longtemps cru que l'équitation classique, la belle, telle que celle prônée par l'association, m'était inaccessible. En effet, je n'ai pas l'autorisation de faire venir un moniteur correspondant à mon éthique dans le centre équestre où mon compagnon à crins est en pension. Seule l'organisation de stage me permettrait de goûter au plaisir des conseils directs d'une personne compétente. Mais ce genre de choses n'est pas gratuit, et faire ça tous les mois est juste impossible pour mon pauvre petit porte-monnaie d'étudiante..
J'essaye donc du mieux que je peux de continuer "seule" mon cheminement vers la légèreté. Par conséquent, j'espère ici aussi pouvoir trouver de nombreux conseils et pourquoi pas rencontrer un enseignant, tout en étant entourée de membres et de professionnels désireux "d'éduquer" et aiguiller une jeune cavalière en pleine conception de son paradis équestre : sans froufrous, ni paillettes, juste avec l'amour du cheval.
A bientôt,
Amélie C.
Il a une bouille mignone comme tout votre petit "frisé" :)
Merci à vous deux pour vos messages. Je viens donner des nouvelles.
Je vais tenter dès la semaine prochaine de filmer notre travail, afin d'avoir vos retours.
En attendant, voici le récit de notre dernière séance en date.
Balade estivale.
“Le dressage en vue de l'équitation artistique est un enseignement supérieur, auquel une instruction première bien assimilée doit servir de base (...) le cheval doit être au préalable un bon cheval d'extérieur confirmé.” Decapentry
Alors que nous avions retravaillé nos gammes en dressage la veille, il m'a paru judicieux de sortir en extérieur afin de nous aérer l'esprit pour qu'il y trouve une impulsion naturelle, et ainsi, éviter que l'ennui ne survienne. Parce que je m'ennuie parfois autant que lui, à faire des ronds dans le manège.
En arrivant dans le pré, Kumo me propose un acceuil moins chaleureux que les jours précédents. Il finit par venir, mais cette fois il n'a pas traversé le pré pour me rejoindre. Il faut dire que le temps est lourd et le ciel gris. Peut être que l'atmosphère joue autant sur son moral que sur le mien.
Après de douces grattouilles sur son poitrail, nous voilà partie pour une petite virée dans les bois. Kumo semble satisfait de partir ainsi se balader. Les oreilles pointées en avant, nous longeons la route dans un pas calme, rênes longues. Kumo est imperturbable et connaît désormais le chemin par coeur. Arrivée au carrefour, je décide de le surprendre en ne prenant pas la route habituelle. Je commence alors doucement à lui demander de se tendre. Quelques douces flexions à gauche, puis à droite, pour décontracter l'encolure, et voilà que ma monture baie brune mâchouille paisiblement son mors. Je profite ensuite des quelques virages pour travailler l'incurvation. Le chemin n'étant plus caillouteux, nous voilà donc au trot. J'aime à le voir trotter avec autant d'énergie. C'est comme si ces grands espaces lui redonnent cette envie instinctive de liberté.
Un peu aux aguets, sans être sur l'oeil, je sais qu'il faudra encore attendre quelques foulées avant de lui demander de descendre de façon plus prononcée. Sur des rênes mi-longues, je lui demande donc pour le moment de juste suivre son bout du nez. La décontraction étant maintenant totalement installée, Kumo accepte de s'étirer. Je varie les attitudes en vaillant à ce qu'il ne s'enferme pas lorsque je lui propose de remonter la nuque. Arrivée aux portes d'un des grands prés, nous enchainons les huit de chiffres et les pirouettes au pas. Kumo a encore du mal à se donner totalement à gauche. Afin d'éviter que ma main intérieure vienne le tromper en passant du côté opposée, je place mon stick à son épaule. Ma main restant fixe et ma jambe étant désormais renforcée par l'action de la longue cravache, si besoin est, Kumo s'équilibre et se fait de plus en plus léger. Nous profitons de la grandeur du pré pour faire plusieurs transitions le long des barrières. Je me durcie beaucoup trop, et freine en demandant aux postérieurs de bien rester derrière. Quoi de plus contradictoire que cette attitude ? Je préfère alors sortir du pré pour l'emmener galoper sur un des chemins qui longe un lac. J'aime beaucoup cette ligne d'herbes vertes qui se trace autour du lac. Il permet de suivre une trajectoire bien précise et aux chevaux un peu sur l'oeil de se sentir rassurés par l'encadrement que forment les arbres. Dans un trot bien actif, je place mes aides et Kumo part dans un petit galop. J'ai toutefois encore cette fâcheuse habitude de précipiter le départ et de me jeter en avant. J'ose enfin m'assoir au galop et savoure le confort de cette allure. Je n'arrive pas encore à desceller à l'aveugle sur quel pied galope mon cheval bouclé, mais cela viendra. Instinctivement je sais qu'il est sur le pied gauche.
Nous faisons demi tour à l'approche des cailloux. Je profite de nouveau de ce chemin et du fait qu'il sache que nous rentrons à la maison pour varier l'amplitude du trot. Kumo n'est pas en fuite et semble toujours autant avec moi. Avant de rentrer, je souhaite le faire galoper à main droite. Les débuts sont difficiles. Kumo est toujours attentif, mais mes aides ne sont pas précises. Je me focalise beaucoup trop sur son attitude "du devant" pour demander un départ franc et clair. Toutefois je reste ferme lorsqu'il précipite en fuyant cet exercice compliqué pour lui, en chargeant au trot. Après trois essais non concluants, je m'arrête quelques secondes pour le laisser réfléchir, et pour remettre ma pensée au clair. La vision d'un tas de fumier au fond du pré me donne alors une idée. Nous nous dirigeons vers cette drôle de bosse dans un trot énergique mais serein. Je mène Kumo assez près de cette montagne de déchet naturel afin que son épaule droite soit cadrée. Je peux alors l'incurvée tranquillement, sans me soucier qu'il ne respecte pas vraiment ma jambe interne. Dans le premier virage je place mes aides calmement et Kumo part sur le bon pied par perte d'équilibre. Le style n'y était peut être pas, mais la sérénité était présente. Dans ce mouvement à trois temps, je laisse filer mes rênes pour féliciter chaudement son encolure par d'innombrables mots doux et caresses. Fière de lui, Kumo ne se dirige même pas vers la sortie du pré mais continue de longer le champ ; les oreilles pointées vers l'avant, le souffle paisible et l'oeil probablement brillant.
Fières de cette première "victoire", nous rejoignons la route au trot, dans une attitude basse et en avant. Sa bouche est légère, et je sens qu'il se donne à mes mains. Modulable au possible, la tentation est grande de commencer avec lui quelques exercices latéraux, mais ma raison me rappelle à l'ordre et nous rentrons au pas, le sourire aux lèvres.. Du moins, si l'on part du principe que le sourire d'un cheval se trouve dans ses oreilles.
Au plaisir de vous lire.
Sur Educaval, à la rubrique "dossiers", vous pourrez trouver deux documents pour vous aider:un sur le départ au galop et le deuxième sur la correspondance entre les allures et les ressentis du cavalier....
Merci Yves. Je vais de ce pas aller voir ça.
Je tenais juste à vous dire que vous transmettez avec beaucoup de talent émotions et sentiments dans votre texte. Cela est extrêmement plaisant à lire.
Bravo car je sais que cela n'est pas si simple.
J'attend avec impatience la suite de l'histoire... et vous souhaite encore plein de "petites victoires" qui, tant que l'on reste dans le sentiment, se multiplient vite.
Une bien belle entrée en matière Amélie ! bienvenue "au club" ! :)
Un bien joli Kumo aussi qu'il sera plaisant de suivre avec vous ! à tout bientôt !!