Les clés du contact
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Un récent article de fond consacré au « contact » a retenu l’attention des adhérents qui reçoivent régulièrement la New Letter d’Allege-Ideal.
Dans le droit fil des convictions de notre Président d’Honneur Christian Carde, défenseur d’une tradition Decarpentriste - je n’osais dire française - c’est aujourd’hui Bernard Maurel qui revisite cette notion essentielle du contact, notion mettant en scène deux mécaniques pensantes d’exception aux liens immémoriaux, le Cheval et l’Homme.
« Let’s keep in touch » (gardons le contact) aiment à dire les anglais. Il en va de même entre cheval et cavalier, ce dernier proposant un contact que le cheval vient à accepter puis finalement à rechercher sous l’effet d’un nouveau « désir d’aller ». Nous voilà bien dans une passionnante et fragile relation inter-espèces qui ne saurait exister sans une réciprocité de confiance, fruit d’une approche « soft » - le « soft talking » des anglais susnommés.
Un souci de sérieux me pousse vers le souvenir du Petit Prince de Saint-Exupéry, maintenant et tout de suite :
- On ne connaît que les choses que l'on apprivoise, dit le renard. Les hommes n'ont plus le temps de rien connaître. Ils achètent des choses toutes faites chez les marchands. Mais comme il n'existe point de marchands d'amis, les hommes n'ont plus d'amis. Si tu veux un ami, apprivoise-moi !
Au Cheval qui n’a rien demandé, il nous faut donc faire accepter un contact « de main à main », la main du cavalier et la « main » du Cheval puisque la Nature à fait de la bouche de ce dernier une véritable main, habile et sensible.
S’il n’est pas de contact sans réciprocité de la confiance, il convient donc de s’attarder sur la confiance due au Cheval. Ô combien avons-nous tous pêché par hyper-vigilance, par d’incessants monologues ! Que de mains indiscrètes, inquisitrices, établissant d’autorité questions et réponses ! Que de mains bavardes et qui ne savent pas écouter ! Telles mains réduisent le cheval à l’état de machine. Faut-il évoquer les assiettes mal assurées, les peurs secrètes, à l’origine des mains hyper-présentes ?
Etablir et maintenir le contact exige le silence de la main aussi souvent que nécessaire (il est plus difficile de maintenir que d’établir). Quand elle n’a rien à dire, qu’elle se taise ! Qu’elle demeure tranquillement posée sur une certaine idée de la confiance. J’aime cette réflexion d’une cavalière : « Les mains sont avant tout des crochets servant à tenir les rênes ». Autre parole - d’un enseignant que je connais bien : « Ce que tu as envie de faire avec tes mains, vois si tu peux le faire autrement… assiette, jambes… ».
Silence n’est pas absence. « La bonne main n’est pas absence de main » (compte rendu du dernier stage avec Christian Carde à voir en page d’accueil). La main absente ne peux rien, la main tranquillement et discrètement présente peut prendre la parole à tout moment et avec toute l’autorité nécessaire… A condition que la longueur des rênes soit exactement adaptée à l’attitude et à l’exercice recherché. Je pense que ce dernier point représente une des difficultés récurrentes de l’exécution équestre et ceci est une autre histoire.
Ces quelques réflexions amèneront sûrement d’autres réflexions des uns et des autres car il y a bien encore à développer.
Et si on revenait au Petit Prince, histoire de se faire du bien à la tête...
http://www3.sympatico.ca/gaston.ringuelet/lepetitprince/chapitre21.html
Christopher
Christopher, if you want to translate your beautiful post in English, I would be honored to put it on my Facebook blog. Good stuff, man
JPG
Belle synthèse écrite avec le coeur! Bravo et merci!
Le Renard est un Maître et Christopher un "gentilhomme" (!)...
N'ayant pas eu de réplique sur ma citation, le contact est un faux problème.
Le contact rassure les cavaliers mais, comme dirait jean d'Orgeix, ""que l'on me dise à quel moment le contact n'est plus un contact mais une traction ?"" ( du cavalier ou du cheval. ).
Et si le plus important des contacts, celui qui ne doit jamais être rompu, celui sans lequel il n'y a ni bonne main ni jambes efficaces, celui grâce auquel les autres formes de contact deviennent faciles voire accessoires, était celui des ischions avec la selle (je suppose ici une selle correctement adaptée au cheval, évidemment)?
Ça, Jean, j'en suis chaque jour un peu plus convaincu.
À ce titre, il est, me semble-t-il, très intéressant de regarder l'assiette des cavaliers (sur les rectangles et ailleurs) et, partant de là, de s'intéresser à leur rapport à la bouche et au mouvement vers l'avant qu'ils demandent (ou pas) et obtiennent (ou pas).
le cheval étant organiquement plus étroit d'épaules que de hanches , la passivité des mains c'est quand même dangereux , c'est même dans le principe , largement à déconseiller ..
les chevaux sont des êtres sensibles avec un dos sensible et les problematiques qui en résultent .. La passivité des mains a surtout pour conséquense de faire en sorte que le cheval va se coucher sur la piste exterieure , de là la problematique du cheval qui tracte à un moment donné ..
Tant qu on y est:
Les gravures representaient les Anciens regardant vers le dedans de la main ou ils allaient. Simple souci d artiste ou plutot sage precaution equestre dans l attente d un Upwelling a venir?
Just for kidding...
Lorsque le cheval, la bouche légèrement ouverte, goûte les frôlements du mors seulement impressionnés par le poids des rênes, c'est l'harmonie, l"équilibre parfait entre les forces du cheval et celle du cavalier. C Beudant.
Cordialement Serge