Quel plan de formation pour le cheval?
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Les réflexions de Luc Piric:
« Je reproche à la présentation du plan de formation du cheval sous forme d’échelle de laisser croire que chaque élément pourrait être étudié à part et que chaque échelon serait le pré requis du suivant.
Cette conception ne serait pas exacte. Ainsi, par exemple, la rectitude absolue intervient très tard dans l’échelle de progression, alors qu’une rectitude relative est nécessaire dès le début de l’apprentissage.
Il faut une vision plus globale. Les trois fondamentaux de l’équitation - équilibre, mouvement en avant et souplesse - doivent être développés de manière coordonnée et harmonieuse.
Imaginons trois stades pour simplifier.
Au premier stade, le jeune cheval est sur la main vers le bas et monte son dos en extension d’encolure. A cet équilibre de base correspond un mouvement en avant modéré et une rectitude qui se résume à une simple géométrie.
Au deuxième stade, le cheval en cours de formation commence à venir en main et à s’engager.
Le mouvement en avant s’améliore et la rectitude se caractérise par une disposition constante des épaules devant les hanches.
Au troisième stade enfin le cheval est capable de se rassembler. Les trois fondamentaux sont optimisés et la rectitude devient enfin la souplesse égale des articulations symétriques et l’amplitude égale des oscillations alternées.
La règle d’or est qu’à aucun moment de la progression le développement d’une des trois qualités fondamentales ne peut avoir comme effet pervers d’amoindrir l’une ou les deux autres.
Equilibre sans mouvement en avant : le cheval s’éteint ou même s’accule.
Equilibre sans rectitude : le cheval se tortille
Rectitude sans équilibre : le cheval s’appuie
Rectitude sans mouvement en avant : le cheval passe derrière la main et s’encapuchonne
Mouvement en avant sans rectitude : le cheval est incontrôlable
Mouvement en avant sans équilibre : l’équitation de tous les dangers"
En complément de la proposition de Luc et en termes de préalables je dirai qu'il faut se concentrer sur les 3 observables que sont :
- activité ( qui est impulsion + disponibilité mentale)
- équilibre
- contact ( on ne monte pas avec le colonel Carde depuis quasi 10 ans sans intégrer l'importance fondamentale de cette notion .
et dès que l'on perd l'un toutes affaires cessante faire en sorte de le retrouver , dixit Le colonel Carde .
Que ce soit au débourrage ou sur un cheval de grand prix il faut veiller à la présence de ces trois indicateurs.
Le colonel a courtume de dire qu'il faut toujours travailler dans le meilleur équilibre possible du moment et c'est une petite phrase qui m'a beaucoup aidée dans la progression de mes chevaux ainsi que le questionnement sur la présence de ces 3 indicateurs pour savoir si le travail est juste ou non .
l'échelle de progression commet à mon sens le péché de diviser ce qui est indivisible et je rejoint totalement Luc dans la nécessité d'une vision globale .
Le temps présent est toujours le meilleur temps, c'est celui de l'action.
Réfléchir avant d'agir : c'est aussi un moyen à ne pas négliger et l'échelle de progression est à mettre selon moi dans ce cadre là.
Obtenir.
Et savoir conserver, savoir conserver (bis repetita) durant un instant raisonnable, la chose obtenue, avant que le cheval ne vienne à s'ennuyer.
Le mot « équilibre » me manque aussi dans l’échelle de progression.
"Rectitude sans équilibre : le cheval s’appuie" (et nous sommes dans les prémisses du Rollkür)
"Mouvement en avant sans équilibre : l’équitation de tous les dangers" (comme le savent bien les cavaliers de saut d’obstacles)
Et donc, je ne suis pas d’accord avec Pierre Beaupère quand il dit que « la fameuse échelle d’entraînement allemande s’inscrit dans l’évolution et l’application stricte des principes classiques. »…
Je crois au contraire que la notion d'équilibre est constante dans l'échelle d'entraînement. Et c'est bien pour cela qu'elle ne fait pas l'objet d'un point particulier.
Je reprends la lecture intéressante et séduisante qu'en donne Pierre Beaupère et dans laquelle il aborde la notion d'équilibre.
1. Le rythme
le mot Takt implique une notion de régularité mais aussi de qualité de l’allure, d’équilibre et d’un minimum d’énergie (comme le tempo d’une musique).
[...]
Nous voulons la pureté de l’allure, un cheval dont la régularité naît d’un équilibre de base correct qui permet de rétablir les allures naturelles du cheval malgré le poids du cavalier qui, à ce stade, peut encore le gêner dans son déplacement.
2. La décontraction
S’il est une chose à retenir durant tout le travail et toute la vie de votre cheval, c’est la sensation que vous êtes supposés avoir à la fin de cette phase, la sensation que quelque soit l’allure et l’exercice demandés, le contact va vers le bas et vers l’avant, c’est-à-dire que si vous donnez un centimètre de rênes au cheval, il « suit le mors » vers le bas et l’avant, sans modifier quoique ce soit à son équilibre, au rythme de l’allure ni à la qualité du contact avec la main. De même, le cheval doit suivre la main si vous raccourcissez les rênes et raccourcir son encolure sans heurts ni résistances.
3 le contact
S’il est pratiquement impossible de représenter la sensation d’un cheval totalement « dans les aides », on constate ici l’idée d’équilibre, de mouvement en avant et on peut imaginer la qualité du contact avec la main du cavalier.
Pour compléter ce qu'a dit Juliette sur ce qu'enseigne le Colonel Carde, il met en préalable à tout travail, l'obtention du contact avec la tension des rênes que veut le cavalier et pas celle que décide le cheval.
Et pour y arriver, il décrit la progression suivante :
- le cheval accepte la main : il ne gigote pas sa tête dans tous les sens quand on prend les rênes, il n'arrache pas les rênes, il reste tranquillement au bout de la main.
- le cheval respecte la main : il ne se contracte pas quand on lui demande de tourner, de s'arrêter etc. On peut vérifier cette étape en exécutant un huit au trot en étendant l'encolure. Au moment du changement de cercle et du changement d'incurvation, le cheval doit conserver l'attitude d'encolure demandée par le cavalier.
- le cheval suit la main du cavalier à droite, à gauche, en haut, en bas, sans résistance, sans fermer l'angle tête-encolure si le cavalier ne le demande pas.
Tout ça dans l'activité et dans le bon équilibre du moment.
"Et à partir de là, on peut commencer à travailler" dit le Colonel.
Je fais assez souvent du secrétariat de dressage et je vois fréquemment des cavaliers aborder les débuts du rassembler sans avoir atteint l'étape du cheval qui respecte la main, avec comme conséquence les dos qui se creusent dans les transitions descendantes, les nuques basculées dans les déplacements latéraux etc.
Olivier, ce que je reproche à l'échelle c'est de croire qu'on peut aborder les éléments les uns après les autres alors que l'on a dès le départ tous les éléments à gérer , fusse à des degrés divers mais on ne peut pas saucissonner l'équitation .
il y a une progression certes mais tous les éléments sont là dès le début ( et j'ai passé des années à débourrer , j'ai donc une petite idée sur la question ) et je vous soumets une autre petite phrase " on doit dès le début du dressage avoir en vue sa finalité : le rassembler ".
Tous les éléments sont là dès le départ et il est à mes yeux essentiel de garder une vision globale afin de travailler dans l 'harmonie musculaire et ne pas s'égarer .
Juliette, je comprends parfaitement vos réserves.
Cependant, si l'on considère l'échelle comme un outil intellectuel, il faut l'utiliser comme tel et donc ne pas en faire une lecture littérale. Et c'est justement ce que fait, me semble-t-il, Pierre Beaupère. Et c'est même peut-être la façon dont l'envisageaient ses créateurs.
Je ne vois pas l'échelle comme une façon de saucissonner l'équitation mais plutôt comme une façon d'ordonner les priorités. D'ailleurs, la notion de "saucissonnage" me paraît assez incompatible avec la vision classique de l'équitation allemande (Steinbrecht).
Juliette, je comprends parfaitement vos réserves.
Cependant, si l'on considère l'échelle comme un outil intellectuel, il faut l'utiliser comme tel et donc ne pas en faire une lecture littérale. Et c'est justement ce que fait, me semble-t-il, Pierre Beaupère. Et c'est même peut-être la façon dont l'envisageaient ses créateurs.Je ne vois pas l'échelle comme une façon de saucissonner l'équitation mais plutôt comme une façon d'ordonner les priorités. D'ailleurs, la notion de "saucissonnage" me paraît assez incompatible avec la vision classique de l'équitation allemande (Steinbrecht).
Je pense que c'est comme celà qu'il faut le comprendre : l'échelle de progression donne des priorités quant à ce qu'il faut obtenir.
Deux notions ne sont effectivement pas présentes dans cette échelle de progression mais simplement sans doute car elles sont des priorités absolues qui doivent être présentes dès la moindre demande avec le cheval : calme et équilibre.
J'aurai peut-être placé la décontraction comme étant la priorité 1 dans cette échelle. Fort heureusement pour les petites têtes de linotte comme la mienne le général L'Hotte a synthétisé une échelle de progression "à la française" de tous les instants en trois mots faciles à se mémorer en selle : "Calme, en avant, droit.".
Là non plus pas de mention explicite de l'équilibre.
À propos de l'échelle d'entraînement, Pierre Beaupère avait rédigé, il y a quelques années, un très intéressant article en trois parties pour Cheval Savoir.
Il serait certes plus parlant de citer l'intégralité de l'article mais je ne suis pas sûr que le magazine serait d'accord. Le fait est que cet article de Pierre Beaupère m'avait paru limpide dans ses explications techniques et emprunt d'une grande ouverture d'esprit.
édité pour corriger quelques fautes de frappe.
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