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Symposium de Dressage New York 18-20 Octobre 2008


Sommaire de la catégorie "Compte-rendus" 

     Symposium de Dressage New York 18-20 Octobre 2008

«  Assurer l’avenir du Dressage
en assurant la compétition sur ses bases classiques »
Compte rendu écrit par Madeleine Debure
Photo Credit :  MKBoyce /Maplewood Warmbloods  (sauf ''en confiance le cheval suit')
 

Le week-end a été précédé d’une journée de leçons particulières données par Klaus Balkenhol et le Colonel Carde. Le Colonel est connu ici pour déverrouiller l’avant-main des chevaux et il a fait encore une fois, plus d’un « miracle » (!).  

 

Le colonel Carde montre comment étendre puis arrondir

 
Il insistait toujours sur l’importance de la flexion latérale avant la flexion directe ; la qualité des allures et de l’équilibre en a été grandement améliorée automatiquement. Entre autres, un magnifique cheval allemand monté un peu trop sur l’avant-main : après une manipulation du Colonel et quelques conseils avisés (laisser la rêne de bride libre, ouvrir le cadre) le cheval a été réellement métamorphosé ; l’avant-main s’est déchargé, les postérieurs se sont activés et le cheval qui geignait avant, s’est mis à respirer librement juste après, à ronfler agréablement. A noter aussi une élève de Bettina Drumont, Kim Walnes, monte très agréable, cheval mâchant son mors régulièrement, contact constant et élastique. Le Colonel l’a aidé à pousser un peu plus le rassembler, à pied puis monté. Travail vers le piaffer.

Autres notes en vrac : « si le cheval tire c’est souvent parce qu’il  n’aime pas le contact qu’on lui demande » ; importance du demi arrêt pour établir un meilleur équilibre ; « l’impulsion est comme un ballon que l’on gonfle d’air : on ne doit rien laisser s’échapper, surtout dans les ralentissements et transitions descendantes » ; « en équitation, les progrès sont une histoire de millimètres, pas de centimètres ».

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Le colloque 
  

A cause d’un problème technique, au lieu du Colonel, c’est le Dr Heuschmann qui a ouvert le colloque. Et c’est mieux selon Ch.Carde, car le vétérinaire explique toutes les bases biomécaniques du cheval au travail, comparant les effets d’un travail classique et ceux d’un travail que l’on trouve dominant dans le monde du dressage actuel.

Heuschmann insiste sur « l’aspect hautement politique qui se trouve derrière tout discours en faveur du classicisme : c’est différent de ce que l’on voit en compétition ». Reprend les exemples de son livre et explique avec beaucoup d’humour et de passion les répercussions sur le squelette, les muscles, les articulations et ligaments d’un travail sans rassembler correct. « Le définition d’une bonne équitation est un dos souple, pas un dos de carpe». « L’encolure doit être aussi longue que possible, relativement au degré du rassembler. » « Si l’on raccourcit l’encolure, c’est alors une autre partie du corps qui doit prendre en charge le poids du corps et l’on crée des tensions. Le poids est encaissé par les articulations et les ligaments » « Si l’on travaille avec l’encolure comprimée, on abandonne toute possibilité de travailler avec le dos du cheval » ; et jaillissent tous les problèmes de perte de rythme.

Il se souvient d’un cheval de Grand Prix de treize ans « dont le dos était aussi dur qu’une table ». En équitation classique, on demande le contact par l’arrière, on ne le prend pas : « c’est le cheval qui crée le contact, pas vous ».

Il n’hésite pas à montrer des photos en insistant sur le fait qu’il s’agit de champions admirés quotidiennement. S’appuie sur les livres allemands du siècle précédent : entre autres, Udo Bürger, traduit en anglais sous le titre The Way to perfect horsemanship (en allemand : Vollendete Reitkunst, 1966). Regrette le temps de l’entraînement militaire, où les deux premières années, on travaillait les chevaux à l’extérieur, sans rien leur demander d’autre que de porter activement leur cavalier ; avec comme principe de rythme de travail « trois fois par semaine pour un trois ans, quatre fois pour un quatre ans » (Manuel de l’armée allemande, Heeresdienstvorschrift, 1912). Il faut laisser le temps au corps du jeune cheval de reposer ses muscles de ses nouvelles tensions créées par le travail.

Citation de Reiten Oscar Maria Stenbrech en 1931 : « N’utilisez le trot de spectacle que pour les foules stupides (…) vous ruinez votre cheval » : le trot étendu tel qu’il suscite des tonnerres d’applaudissement de nos jours était déjà dénoncé par les anciens.

Heuschmann a entre autre insisté sur la photo d’un cheval gris, vice-champion du monde en 2006 : « c’est du cirque », « cela n’a rien à voir avec un passage », « il n’a, de toute sa vie, jamais effectué un pas de passage », « un cheval complètement brisé  à 10 ans à peine » Il continue avec des photos d’un champion olympique que l’on connaît tous : « il y a quelque chose qui ne va pas », « un seul pied touche le sol » (au trot).

« Ce genre de photos sont dans tous les feuillets d’enchères en Allemagne ».

 
Comment repérer que le dos ne fonctionne pas souplement ?
-         galop à quatre temps.
-         un seul pied au sol au trot
-         diagonal rompu dans la phase de suspension du trot
-         pas diagonalisé
 
« La raideur c’est la raideur, même si les juges de la FEI disent le contraire ; regardez cette queue ! » (photo d’une queue qui fouaille dans un CDI).
Dans un journal allemand, au moment où Rembrandt a été champion olympique, une page a été consacrée à critiquer tous les problèmes que ce cheval avait lors de ses reprises.
« Le cheval de dressage de notre époque a le dos creusé ».
Heuschmann a déclenché de nombreuses fois des applaudissements, comme ici où il montre le vainqueur de Sydney : « on peut gagner un Grand Prix sans rassembler; cela n’a plus rien à voir avec du dressage ». Ou encore quand il évoque les cavaliers qui font un mauvaise usage du mors de bride « c’est de la maltraitance, ce n’est pas du dressage ».
 
*
Le Colonel Carde a ensuite fait une présentation et une analyse détaillée des règles de la FEI. Article 419 et article 401. Il concède que cela peut soulever des problèmes d’interprétations comme tous textes importants – par exemple la différente notion de contact, entre les Français et les Allemands – mais, quoi qu’il en soit « la légèreté reste le même objectif ».
Enonce les entorses au règlement les plus évidentes, comme la nuque qui n’est pas le point le plus haut ou l’absence d’un contact léger et doux. « Peu pourraient concourir aux JO si on leur donnait les notes qu’ils méritent. » « On ne sait plus ce qui est bon et ce qui est mauvais ». Autre mouvement d’enthousiasme du public lorsque le Colonel regrette l’influence de « certaines divas (qui) expriment des opinions tendancieuses ».
Et cette citation d’Anky Von Grusven « Mon problème n’est pas le classicisme, mon problème, c’est de gagner des médailles ».
Le Colonel ne mâche pas non plus ses mots et déplore « des résultats catastrophiques », « des dommages physiques et mentaux irréversibles ».
Il cite J- le Goff, qui parlant du concours complet il y a une dizaine d’années, regrettait qu’on ne puisse plus distinguer les nationalités des concurrents à leur style de monte, qu’il fallait qu’on voit leur couleurs nationales au logo de leur tapis de selle. C’est ce qui arrive maintenant sur les carrés de dressage. « Pourquoi pas dans le dressage ? Mais seulement si c’est une bonne équitation qui respecte le règlement FEI».
Le Colonel rappelle l’importance des Ecoles Nationales d’Equitation et espère que la compétition ne vienne en amoindrir l’importance.
 
L’exposé s’est terminé sur des conseils pragmatiques :
-         rendre les juges plus crédibles
-         veiller à ce que les juges ne donnent pas de stages, « ce n’est pas sain » (mesure qu’il a proposé à la FEI – en attente d’une réponse).
-         Rendre leur importance aux Ecoles Nationales et s’appuyer sur elles.
 
*
L’après-midi, Klaus Balkenhol a donné des leçons en insistant toujours sur les notions de temps et de patience. Il a successivement fait travailler un trois ans, un quatre ans, puis cinq et six ans, adaptant le travail à la capacité du cheval.
Il a regretté que sur les feuillets des ventes aux enchères d’Allemagne, les chevaux de trois ou quatre ans soient déjà mis au piaffer : « ces chevaux ont déjà l’air d’avoir huit ans, ce n’est pas bien ».
Le savoir-faire du champion olympique était évident : des petites indications calmes venaient améliorer un exercice, une attitude. Toujours, il invitait le cavalier à rallonger ses rênes pour que le cheval puisse s’étendre. Balkenhol a insisté sur l’importance de ne jamais rester trop longtemps dans un cadre fermé, de toujours penser à travailler en alternance avec une encolure étendue.
 

Echanges entre Klaus Balkenhol et Christian Carde

Au fil des démonstrations, Balkenhol s’arrêtait et demandait à Heuschmann et Carde ce qu’ils pensaient du travail du cheval, rendant alors ces leçons encore plus intéressantes. Ici Heuschmann a regretté que le chanfrein du cheval soit derrière la verticale, là il critique la raideur de l’arrière-main, ce à quoi Balkenhol objecte que c’est le but de cette gymnastique, de rendre ce cheval plus actif et souple des postérieurs, ce qui est rendu plus difficile par le fait que c’est un grand cheval.
 
A l’issue de la séance du trois ans, le public a pu remarquer un changement radical dans la qualité du pas, auquel Balkenhol dit pouvoir donner un 9 ; un juge dans le public s’étonne : « mais que faut-il alors pour qu’il ait un 10 ? » (applaudissements) ; le maître allemand répond « une meilleure connexion avec la main du cavalier ».
Le travail d’un cheval de 5 ans a été le plus intéressant, sans doute : le cheval est arrivé avec le dos complètement creux, et au fil de la séance s’est arrondi et a commencé à engager ses postérieurs. Il a fallu pour cela que le Colonel Carde signale le serrage trop sévère de la muserolle. Puis, sur les conseils de Balkenhol – allonger les rênes, surtout la rêne de bride, avoir les mains moins fortes, penser à créer le contact par l’arrière et non par les mains, et ouvrir, ouvrir l’encolure – la cavalière a réussi à obtenir une bien meilleure attitude de son cheval. Balkenhol a conclu qu’il ne fallait jamais faire de son cheval un esclave et que « le problème, c’est toujours l’homme, pas le cheval ».
 
*
 
Les leçons du Colonel Carde ont terminé la journée : travail en longe, en main et monté. Importance de la longe pour assouplir gentiment, pour observer d’éventuels inconforts du cheval. Quelqu’un dans le public demande si, à un moment du dressage, le Colonel utilise des élastiques : réponse négative et applaudissements du public.
Importance du travail en main pour rendre son cheval disponible, connecté et l’aider à « comprendre ». Démonstration des flexions latérales : « toujours commencer par les flexions latérales, puis les flexions directes, jamais le contraire ». « Si lorsque vous demandez une flexion latérale, le cheval répond par une flexion directe, c’est une résistance ».
 

Le colonel Carde montre comment modifier l'attitude

 
Sur un cheval qui arrive monté par sa cavalière, et pesant un peu sur l’avant main, le Colonel effectue quelques flexions, puis fait ouvrir l’angle tête-encolure : qualité de l’équilibre automatique amélioré, applaudissement du public.
Travail d’un étalon croisé cheval de selle Irlandais-Connemara : cheval en décontraction de mâchoire, mâche agréablement son mors, contact doux et permanent. Klaus Balkenhol reconnaît la qualité de ce travail et s’amuse « Vous êtes un ami terrible ! », mais félicite la cavalière : « il faudrait voir plus de travail de ce type sur les terrains d’échauffement » - applaudissement du public.
Travail du piaffer avec un autre cheval : le Colonel aide avec une badine. Rester droit. « La difficulté dans le rassembler, c’est que l’on demande un ralentissement de l’allure, mais un soutien de l’activité ; ce qui est contradictoire pour le cheval ». « C’est une histoire de compréhension : si le cavalier n’est pas précis, il ne peut pas obtenir de son cheval quelque chose de correct ».
Rassembler du galop en rétrécissant le cercle très progressivement : importance de l’activité des postérieurs, avec un aide au sol, si besoin. Dans ces deux exercices, le Colonel insiste sur la mesure qu’il faut garder : se contenter de très peu, cesser l’exercice dès qu’il y a un début de réponse, reprendre, arrêter de même dès que petite réponse, reprendre, etc…
            On peut noter deux styles d’enseignements : Balkenhol donnant plus des conseils sur le vif, corrigeant ça et là pour améliorer un travail en cours, tandis que Carde arrête plus souvent le cheval pour résoudre un problème de contraction ou de concentration, pour expliquer un mécanisme au cavalier – avec une volonté de théoriser ses conseils, pour que tout le monde comprenne et puisse appliquer une fois chez soi. Les deux ont eu des résultats pareillement remarquables, mais il est amusant de relever la différence entre l’entraîneur olympique et l’instructeur du Cadre Noir.
 
**
 
La deuxième journée s’est ouverte sur une présentation historique du dressage et de ses théoriciens. Le Colonel Carde a brossé une chronologie de Pluvinel à nos jours. Le constat le plus frappant est peut-être l’ouverture plus grande de l’angle tête-encolure dans le passé. Aussi, une photo du champion olympique de 1936 au trot allongé « que nos juges actuels condamneraient comme au dessus de la main ». Importance de La Guérinière et de Baucher ; description des notions fondamentales : importance de la théorie pour La Guérinière, légèreté et engagement ; faire disparaître les résistances à l’arrêt pour Baucher.
Etudes des résultats par pays aux championnats mondiaux et JO ; existence d’une équitation russe, française, allemande. Regret que la France ne figure plus dans les premières nations de dressage »
 
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Les spectateurs

 
A suivi un débat entre le public et les trois intervenants.
 
-         Qu’est-ce que le classicisme ?
 
KB : « Mettre le cheval dans une position correcte, un entraînement humain où l’on place le cheval en premier. Que le cheval soit droit et que ça ait l’air facile ».
GH : Je suis d’accord. Un cheval sain et heureux.
CC : Je suis d’accord.
 
-         Qu’en est-il de l’élevage aujourd’hui ?
 
KB : L’élevage a changé nos chevaux : ils sont plus légers, plus faciles, ils ont l’air plus matures, plus jeune. Mais c’est un risque car ça peut amener à ce que l’on pousse ces chevaux trop loin, trop jeune. Avant, on n’élevait pas que pour le sport, on élevait aussi pour le travail (militaire et champs).
GH : Quand je travaillais comme vétérinaire pour les ventes aux enchères en Westphalie, un entraîneur très connu allemand m’a surpris plusieurs années de suite. Il ne demandait jamais à voir les radios des chevaux les plus chers (qui intéressaient la majorité des clients) ; réponse de l’entraîneur « je ne veux pas gagner le championnat d’Allemagne, je veux un cheval de Grand Prix ». Il ne demandait pas à voir les chevaux aux mouvements extravagants, trop difficile à rassembler selon lui.
 
-         Quel est le but des championnats Jeunes Chevaux de la FEI ?
 
GH : Il y a une réelle industrie du jeune cheval avec de grandes allures. Peu de chevaux sont vraiment rassemblés de nos jours. On ne devrait pas noter la qualité des allures, mais la qualité du travail du cavalier. Un Haflinger devrait être en mesure de gagner. Il faut se demander si l’on recherche le spectaculaire ou le classicisme.
KB : Oui, les juges adorent les mouvements spectaculaires. Ils ne font plus attention aux postérieurs. Les juges doivent être mieux formés.
 
-         Doit-on souhaiter un nouveau type de compétition ?
 
CC : Des juges sur le terrain d’échauffement, pourquoi pas ? On a si souvent trente minutes de travail en force qui précèdent cinq minutes de prétendu bonheur. Cela doit cesser. Pourquoi pas une note pour la détente. On peut aussi penser à des tests où les juges doivent simplement répondre « oui » ou « non » : « est-ce que le trot est régulier ? », « est-ce que le cheval est dans une attitude harmonieuse, etc.. ? »…
GH : On peut aussi penser à ajouter un juge. Trois juges devraient juger les notes globales – souplesse, qualité du contact. Et trois juges s’occupent des aspects techniques. Car le problème, c’est que de nos jours, on ne juge plus que le côté technique.
KB : Pour ma part, je pense que le système est bon mais que le problème, c’est que les juges n’appliquent pas le règlement correctement. Ils prennent trop les noms des cavaliers en considération !
 
-         Pouvez-vous parler du pas ?
 
KB : Beaucoup de chevaux perdent la qualité de leur pas au fil des années.
CC : Le pas n’est pas tant une allure difficile ; c’est une allure embarrassante ! On ne travaille jamais assez au pas. Pensons à M. de Lubersac qui travaillait ses chevaux uniquement au pas pendant les deux premières années. Ensuite, il obtenait facilement tout ce qu’il demandait à son cheval.
 
-         Est-ce que c’est le mouvement que l’on doit rechercher en premier, puis l’équilibre, ou bien l’inverse ?
 
GH : Ah ! c’est une grande discussion franco-allemande ! Pour ma part, je pense que dans les toutes premières reprises du jeune cheval, on doit d’abord se soucier du mouvement, n’être qu’un passager sur son cheval, ne pas le déranger. Puis, penser à corriger l’équilibre.
CC : Tout d’abord, cela dépend de ce que vous entendez par équilibre. Deuxièmement, je dirais qu’il faut tout le temps chercher le meilleur équilibre possible en fonction des possibilités physiques du cheval.
 
-         Le règlement change, les éléments artistiques disparaissent ; comment pouvons-nous influencer ces changements ?
 
KB : Toutes les évolutions ne sont pas mauvaises fondamentalement. Il y a plusieurs sous-comités qui sont très actifs. On y réfléchit à de nouveaux tests, à des questions comme la réglementation des badines, etc. Ces changements se font démocratiquement et tout le monde peut être entendu.
CC : J’ai fait des propositions directement à la FEI. Pas de réponse pour l’instant. Il vaut mieux agir par l’intermédiaire de la fédération de son pays.
GH : On pourrait faire des t-shirts avec écrit « stop Rollkur » dans le dos et se rendre par groupe dans les terrains de concours : quand un certain type de cavalier entre dans le carré, on tourne son dos !
 
-         Que doit- on chercher dans un cheval de cinq ans que l’on veut destiner à une carrière olympique ?
 
KB : Tout d’abord, un cheval ne naît pas avec un potentiel olympique ; on essaye, mais cela ne marche pas. Ce que l’on peut repérer néanmoins, c’est un cheval naturellement en avant et avec un bon équilibre. Il faut ensuite lui donner du temps. On n’insiste jamais assez là-dessus.
GH : Une taille moyenne, des membres solides, une bonne activité de l’arrière-main et de belles allures.
 
-         Doit on muscler le dos en premier, ou bien l’encolure ? Car de nombreuses personnes travaillent les chevaux avec des élastiques ou des rênes allemandes pour développer les muscles du cou. Qu’en pensez-vous ?
 
GH : Vous me connaissez mal si vous me demandez ! Il faut donner à chaque muscle l’opportunité de travailler librement. Les élastiques créent une tension continue et ce n’est pas bon. Le plus le cheval est ouvert, le plus librement la ligne du dessus fonctionne. Il ne faut jamais forcer un cheval à faire quelque chose, donc pas de rênes allemandes qui décuplent la force des actions de main. Si vous en avez besoin, c’est que vous êtes un mauvais cavalier.
KB : Oui, on ne devrait jamais se servir de rênes allemandes. A part comme d’une laisse pour son chien !
CC : Oui, je suis d’accord. Un cavalier possédant une bonne éducation équestre peut tout faire avec ses deux mains et ses deux jambes.
GH : Interdisons les rênes allemandes !
 
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L’après-midi s’est ouverte avec une leçon de travail sur un cheval peint par le Dr. Heuschmann : étaient tracées les articulations du cou et de l’arrière-main. La cavalière a dû passer de travail en hyperflexion à un travail plus ouvert ; Heuschmann commentant les variations dans l’alignement des vertèbres de la nuque et de l’encolure et les variations dans la qualité de l’allure et de l’activité de l’arrière-main. Le passage obtenu dans une attitude en hyper-flexion comprend un temps de suspension défectueux. Le trot en hyper-flexion devient un trot de spectacle, défectueux aussi. La cavalière a commenté ses impressions à travailler en Rollkur : « Le cheval pesait vraiment à la main, je n’arrivais pas à m’asseoir ; c’est vraiment noir et blanc. J’ai maintenant une meilleure idée de ce que je dois rechercher ».

 

  

En confiance, le cheval suit

 
Puis, le Colonel et Balkenhol ont chacun donné une autre série de leçons, tout aussi intéressantes que la veille. On peut noter le grand succès que le Colonel a eu avec un trois ans, jamais initié aux flexions : après quelques résistances, le cheval a compris ce qu’il devait faire et le public a apprécié ce type de démonstration, assez unique de ce côté-ci de l’océan. Balkenhol a même avoué n’avoir jamais vu ça. Carde explique : « Vous voyez comme cela a été délicat en main, alors imaginez la difficulté de régler ce problème lorsque vous êtes en selle ! ».

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Les organisatrices étaient comblées par cette rencontre : Margaret Boyce espère que cela aidera à changer le nom des personnes qui se trouvent actuellement sur les podiums, et Jen Vanover est heureuse que l’enseignement de tels maîtres soit de nos jours parfaitement conservé puisqu’un dvd sera édité à partir de ces deux journées.

Même si ce n’était pas la première fois que les deux Allemands apparaissaient côte à côte, Gerd Heuschmann s’est réjoui de la présence du Colonel Carde, qui apporte avec lui une dimension plus philosophique et théorique aux critiques du dressage actuel. Il se trouve particulièrement en phase avec ses idées. Le Colonel a également apprécié l’importance de ce rapprochement franco-allemand dans la lutte contre les dérives du dressage contemporain. Les trois hommes rapportent avec eux quelques projets d’actions auprès de la FEI et beaucoup d’espoir pour le dressage des années à venir.


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