La Légèreté vue de l'Extèrieur
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Je voudrais vous parler d’une catégorie qui n’est peut être pas une majorité sur ce forum :le cavalier d’extérieur. Combien de fois quand j’emmène en promenade des amis qui pratiquent à un bon niveau des exercices en manège il se retrouvent terrorisés embarqués en forêt parce qu’un oiseau s’est envolé !
J’aime beaucoup le dressage et la haute école, j’applaudie devant cet art et je travaille les assouplissements et le rassemblé de mes chevaux. Mais pourquoi la soumission du cheval à des aides légère a-elle été inventée ? Pour qu’à la guerre ou devant un taureau le cheval obéisse à son cavalier plutôt qu’à sa peur pour la survie des deux partenaires.
Quand je passe sur un pont avec des camions qui me doublent, quand je fais la course au galop avec des amis dans les chemins et qu’après un tournant nous apercevons un groupe de promeneurs, quand je suis au pas rênes longues à regarder ma carte et qu’un chasseur débusque un gibier à 50m, j’ai besoin que mon cheval me fasse confiance et n’obéisse qu’à ma volonté avec des aides légères car devant son désir de fuite la force ne pourrait rien. Dès que l’on quitte le rectangle la légèreté devient notre assurance vie. J’aimerais donc qu’il y ait moins de séparation entre les disciplines car au-delà de la bonne exécution des pirouettes et des changements de pied au galop il y a le désir de devenir centaure et dans toutes les situations.
Quand mon cheval est surpris par quelquechose et qu’il part brusquement je peux lui opposer ma main comme un mur infranchissable (c’est le cadre dont parle Jean D’Orgeix) et il ne le respecte que parcequ’il sait que dès qu’il cèdera je ferais une descente de main, quand il s’accule et recule devant un danger (chien, bâche qui s’envole) et qu’il risque de s’accrocher les jarrets dans des barbelés ou de tomber dans la rivière je rends avec mes mains et je l’envoie en avant avec mon assiette et mes jambes parcequ’il a appris à y répondre franchement (c’est le main sans jambes et jambes sans mains).
Si mon cheval déroule parfaitement les mouvements de dressage dans le rectangle mais qu’il nous met en péril dès qu’un danger extérieur le menace alors il n’est pas dressé alors il ne me fais pas confiance, alors il n’est pas léger.
L’équitation académique ne doit pas s’appliquer qu’à la discipline du dressage mais à toutes les disciplines je pense qu’il faut intéresser tous les cavaliers si on veut pouvoir faire concurrence à l’engouement actuel pour les chuchoteurs qui eux ont compris comment commercialiser leur savoir faire.
Merveilleux cavaliers de dressage académique sortez de vos rectangles et venez transmettre à tous cet idéal de légèreté !
L'extérieur, par la variété des terrains qu'il propose offre aussi de nombreuses occasions d'améliorer l'équilibre de son cheval.
Et pour ceux qui veulent parfaire l'éducation de leur cheval ainsi que leur connaissance de la psychologie équine, je conseille le livre de Véronique de Saint Vaulry "Quand le cheval a peur".
Il y a de nombreux exercices utiles pour l'extérieur même quand le cheval "a même pas peur" !
bonjour, issu de l'equitation d'exterieure et aujourd'hui "moniteur de club" j'ai toujours ete etonné, et de plus en plus, du fossé qu'il existe entre le dehors et le dedans, l'extérieur et le club; que ce soit de la méconnaissance de l'animal lui même (psychologie), son approche, ou de son "utilisation" soit stérile (surtout ne pas y toucher!) soit barbare (enrênements, mors et biceps..) mais jamais utile (sécurité et confort).
Selon la formule le cheval doit par son dressage être rendu facile et agréable à monter en toute circontance.
Cet objectif du dressage, qui peut être transposé pour toutes les disciplines, l'est d'autant plus que la sécurité du cavalier ou meneur est mise en jeu à l'extérieur.
Si la légereté est une philosophie de travail, le cheval heureux et agréable à l'extérieur adhère plus à cette idée que le dérouleur de figures dents serrées et oreilles plaquées.
Le message du dessus me conforte dans mes idées qu'il est difficile d'exposer dans les milieux fermés!
L’équitation académique ne doit pas s’appliquer qu’à la discipline du dressage mais à toutes les disciplines je pense qu’il faut intéresser tous les cavaliers si on veut pouvoir faire concurrence à l’engouement actuel pour les chuchoteurs qui eux ont compris comment commercialiser leur savoir faire.
Merveilleux cavaliers de dressage académique sortez de vos rectangles et venez transmettre à tous cet idéal de légèreté !
Irmine, je ne suis pas chuchoteuse, mais je peux vous garantir que je travaille d’arrache-pied dans mes bouquins pour transmettre l’idéal de légèreté aux cavaliers d’extérieur, et à fortiori aux autres (Depuis le tout premier, paru il y a 17 ans déjà, qui s’appelle justement « le cheval d’extérieur »).
Mais c’est un idéal qui, paradoxalement, ne se confond pas avec celui du dressage. L’extérieur, c’est TROP DIFFICILE pour reposer sur la seule légèreté aux aides. Il est des cas (la peur, l’excitation, la grégarité) où le recours aux aides « classiques » rend les choses trop difficiles au cheval. Il est nécessaire d’aller plus loin, vers un contrôle qui n’est plus physique mais mental : liberté de balancier et contrats. C’est une forme de légèreté aussi, mais qui s’obtient et s’exprime différemment…
Avec les procédures ainsi apprises dans le vaste monde, il m’arrive souvent d’aider des cavaliers « d’intérieur » à résoudre, dans leur manège ou ailleurs, des difficultés psychologiques qui mettaient la légèreté des aides en échec. Me croirez-vous si je vous dis que c’est auprès des dresseurs que j’ai le plus de mal à faire passer le message ?
Cavalière de dressage (nous travaillons ma jument et moi maintenant les figures de haute école), je pars en extérieur 2 à 3 heures tous les dimanches avec traversée de ville et de nationale pour rejoindre le "paradis" de l'extérieur qu'est la forêt de Chantilly et ses merveilleuses pistes. Je n'ai jamais eu de soucis majeur en extérieur, avec cette jument que j'ai depuis 10 ans ni avec mon cheval précédent, mais je reste cohérente avec le travail à la maison. Elle doit être respectueuse, il y a de longs temps au pas rênes longues et le galop est toujours contrôlé. Je fais aussi attention de partir avec des gens raisonnables. Il est hors de question de "lacher" car on est dehors, les allures sont cadencées, le cheval en équilibre. Le résultat ce sont des ballades décontractées où tout le monde, cavalier et cheval profite de ce moment.
Un dernier point, tout comme pour les scéances de travail qui ne sont jamais improvisées, je pars en connaissant mon initinéraire et les allures qui seront adoptées (sauf contrainte de dernière minute).
J'ai vu beaucoup de cheavux devenir incontrolables en forêt car leurs cavaliers leur laissaient faire ce qu'ils voulaient dehors. Cela se paie très cher
Bonsoir Véronique De St Vaulry.
J'ai lu votre livre sur la peur du cheval et vous en félicite, votre approche est remarquable. Je m'incline devant votre phylosophie de "liberté de balancier", dans de nombreuses situations, elle sera couronnée d'un bon résultat : le cheval apprend à s'auto-gérer en cas de peur - il est libre d'analyser à son gré - il ne craint pas que nos aides l'empêchent de "s'auto protéger" (expression de Tom Dorrance). Il choisit alors l"équilibrage"(formule de Jean D'Orgeix) qui lui convient.
Néanmoins, il y a des situations dans lesquelles, à mon avis, il est impossible car dangereux de laisser le cheval choisir son équilibrage. On ne peut pas toujours prévoir la distance qui séparera le cheval de l'objet de son effroi, ni les éléments qui rendraient sa fuite libre dangereuse. Il y a des chevaux qui fuient naturellement sur plus de 50 mètres en cas de peur. De plus, dans un état d'impétuosité ou d'exitation (étalon, galop à plusieurs, jeune cheval,jour venteux, défilé en ville...), un cheval doit-être contrôlé de façon directive ce qui, à mon avis, est impossible si l'on veut libérer son balancier.
Dans ces situations, je ne pense pas que l'on puisse contrôler le mental sans contrôler le physique du cheval : ces deux éléments sont trop liés. Dans le domaine de l'équitation, on peut contrôler le mental par le contrôle du physique : équilibrage par relèvement de l'encolure (on impose l'allure et la vitesse), flexion latérale marquée de l'encolure (que vous appellez, à juste titre, "arrêt d'urgence") et, l'arme absolue du cavalier confirmé dans son art, l'effet d'ensemble sur l'éperon tel qu'il a été décrit par Baucher. Comme décrit par le Maître,l'effet d'ensemble est le seul moyen infaillible pour maîtriser un cheval violent qui y a été soumis au préalable dans toutes les situations conflictuelles (rétivité à avancer, contractions importantes et chroniques de la bouche dans le mouvement en avant).
Dans ces situations, en tuant les réactions de peur ou d'exitation violentes dans l'oeuf, on empêche le circuit mental correspondant de s'installer et de se développer. Flexion latérale de l'encolure et effet d'ensemble sur l'éperon sont une sorte de relaxation forcée, de yoga imposé. A chaque cavalier son cheval, et qui n'est par capable d'appliquer ces procédés (mal employés et appliqués mal à propos, ils sont néfastes voire dangereux) devra choisir son cheval et les difficultés qu'il affronte en conséquence pour limiter les dégats.
Attention, il n'est bien sûr pas question de forcer le cheval à aller vers l'objet de son effroi. Par ailleurs, lorsqu'il est suffisamment calme et discipliné, rien ne nous empêche de lâcher les rênes aux trois allures, bien au contraire!
Je reste convaincue que votre livre rend service à un grand nombre de chevaux mal compris par leurs cavaliers - merci pour eux!
Désolée d'avoir été aussi longue, je vous remercie de m'avoir lue et suis ouverte à toute réponse constructive, peut-être ai-je mal compris votre livre?
Cordialement.
Yasmine Coissieux.
Je comprends vos réserves! (et j'enrage parce que la réponse que je vous avais longuement rédigée vient de disparaître pour une raison inexplicable. Tant pis, je recommence…).
Je comprends qu’on puisse éprouver la nécessité d'assurer un contrôle directif du cheval dans certaines situations. Mais cela révèle simplement un manque de préparation mentale, l’absence de « contrats » solides. Le pouvoir de ceux-ci est réellement saisissant, à condition de le combiner avec la liberté de balancier, qui seule permet au cheval de garder ses esprits.
Pour vous donner un exemple concret, mon cheval est capable de respecter aisément son « contrat de pas », rênes en guirlandes, alors que le reste du groupe lui démarre sous le nez à fond de train et en pétaradant. Mais si, dans la même situation, je reprenais mes rênes, même au poids du cuir, il ne pourrait pas résister à la difficulté et se mettrait au piaffer ou au galop sur place ! (le fameux pouvoir impulsif de la main ?). Pour moi, la liberté de balancier n’est pas quelque chose qu’on se permet lorsque tout va bien, elle est un véritable outil de prévention, et de gestion des situations extrêmes, à condition bien sûr de l’associer aux contrats : en cas de surprise, le contrat de trajectoire empêchera le cheval de faire demi-tour mieux que des rênes, le contrat d’allure le retiendra de fuir au galop ; la liberté de balancier lui évitera d’avancer sous tension les jours de grand vent, ou de s’exciter au milieu des 150 cavaliers d’un téléthon… Bien sûr, rendre les rênes ne fait pas partie des réflexes naturels du cavaliers dans les situations difficiles, il faut oser, mais plus on s’y essaye, mieux on en mesure l’intérêt.
Concernant l’effet d’ensemble, que je ne pratique pas, il m’inspire les mêmes réserves que l’arrêt sur une rêne, que je ne pratique pas non plus, car ces deux moyens me paraissent reposer sur la résignation du cheval (mais je n’ai pas de preuves, juste une pesante intuition). Je conçois qu’une situation extrême puisse contraindre à y recourir, mais je redoute que les cavaliers, sécurisés par cet outil (contrôle physique, encore, contrôle physique, toujours !), ne s’en contentent, au risque de passer à côté d’autres moyens plus déontologiques, et qu’ils ne découvrent jamais les extraordinaires ressources d’une collaboration donnant la priorité au contrôle mental.
Ces lignes me feront peut-être passer pour une dangereuse extrêmiste, et pourtant, ce sont bel et bien la recherche de la sécurité et du calme qui m’ont amenée jusque là. J’avoue qu’il m’arrive même d’être impressionnée par certains témoignages de lecteurs lorqu’ils racontent le genre de réactions dangereuses qu’avaient leurs chevaux avant que les contrats et la liberté de balancier ne leur permettent de les transformer en partenaires paisibles et fiables ! Ils fallait oser!
Je comprends très bien qu'il puisse sembler plus sûr de rester dans le contrôle physique. Simplement, je sais qu'il empêche d'atteindre un résultat plus complet et plus sûr.
J'espère ne pas avoir été trop longue, mais quand on me lance sur mon dada...
Amicalement,
Véronique de saint Vaulry
Véronique,
Ceci est un essai: -Comment réagir à votre exposé tout en restant constructif?
Tout en n'allant pas contre votre notoriété, que je respecte volontiers.
Mon défaut immédiat: je n'ai pas lu vos écrits.
"Bien sûr, rendre les rênes ne fait pas partie des réflexes naturels du cavaliers dans les situations difficiles…" Cette phrase intéresse les cavaliers qui opposent leur instinct à celui du cheval.
L'effort à fournir est donc effectivement important sur le moment, en sachant que le cheval en difficulté de compréhension détale avant d'assimiler s'il y a danger où non et que l'homme, dans sa nature a tendance en cas de danger à s'immobiliser dans l'immédiat.
A cheval l'appréciation du danger par l'homme est vaste: -Inconfort, risque de chute, intolérance dans le cadre d'une éducation (Politique du "non, c'est non!" que l'on retrouve dans l'éducation des enfants et qui enlève le goût à l'initiative) ou d'une incompréhension de la nature du cheval, incapacité à reconnaître si l'on va pouvoir gérer la fuite, l'écart, sentiment d'atteinte contre l'autorité du cavalier…
Le rôle du formateur est de développer l'attention du cavalier sur la relation qu'il établit avec son cheval. En sachant que l'animal depuis le début a testé les capacités de son cavalier à l'accompagner (Mot clé de ce paragraphe) ou non dans toutes ses réactions, qu'elles soient le fruit de l'obéissance (mouvements faciles à assimiler par le cavalier puisque commandés) ou le résultat de la vie intérieure du cheval.
Si le cheval s'effraie si vite, cela dépend de l'oubli de compréhension de la nature du cheval (De sa vie intérieure). Le cheval amplifie ses réactions au contact de cette incompréhension lors d'une difficulté en promenade par exemple.
L'éducation du cavalier réside à lui faire acquérir plus de sérénité dans son accompagnement des mouvements du cheval et non pas seulement à lui dire "avance tes mains".
Combien de chevaux se sont progressivement calmés uniquement par le fait qu'ils ont acquis la certitude que leur cavalier est apte à les suivre, quelles que soient les circonstances. (Dans le meilleur et dans le pire... C'est une histoire de couple!)
Parce que le cheval a reçu son éducation de base alors qu'il progressait vers l'avant il est prêt à surmonter bien des frayeurs et à accepter la présence de la main à ce moment sans se mettre à l'allure supérieure. La présence sereine de cette main est même susceptible de le rassurer, si elle lui garantit la liberté d'utiliser son encolure en cas de nécessité.
Sincèrement.
Message édité par: phfarnault, à: 2007/02/10 11:18
Je vois très bien ce que vous voulez dire, mais pour vous répondre correctement, il me faudrait 300 pages!
300 pages déjà écrites, qui ne se résument évidemment pas à recommander "avance tes mains", d'autant qu'il ne s'agit pas d'avancer les mains mais de "poser les rênes", ce qui fait une énorme différence.
La confiance dans la main, dans les aides, l'importance du dressage ? On peut en effet gérer ainsi la peur, dans des circonstances raisonnables, avec un cheval raisonnablement dressé.
Mais mon expérience m'a montré que cette façon de faire rend tout simplement les choses plus lentes, plus difficiles, et dans certains cas impossibles. C'est à dire qu'on va ainsi considérablement ralentir les progrès d'un cheval "normal", et les empêcher carrément chez un cheval plus délicat. J'en ai vu qui régressaient peu à peu, jusqu'à ne plus pouvoir atteindre le bout du manège, ni même entrer au manège. J’en ai vu qui mettaient 5 à 10 minutes à franchir une rivière, et à quel prix, là où 30 secondes auraient largement suffi, en s’y prenant autrement.
Tout ce que je peux dire, c'est qu'à trop compter sur les aides, on rend la tâche difficile au cheval, qu'on éteint sa bonne volonté et sa curiosité naturelle, on perd un temps énorme sur le chemin de la sérénité et de la confiance, et que dans bien des cas, on provoque des défenses parfaitement évitables. Le moral du cheval souffre, et la légèreté se perd, cette fameuse légèreté qui nous réunit ici.
Compter sur les aides pour résoudre la peur, c’est forcément transiger avec la recherche de la légèreté. Une main plus ferme par ci, des jambes plus énergiques par là, et l’éperon parfois... On me dira que la fin justifie les moyens, je réponds qu’il y a un autre moyen ! plus doux, plus efficace, gage de progrès plus rapides sur le chemin de la confiance. Il ne permet pas seulement de gérer la peur, il permet, peu à peu, de la faire disparaître, ce qui laisse du temps ensuite pour se concentrer à l’équitation. Mais compter sur l’équitation pour résoudre les problèmes psychologiques, c’est mettre la charrue avant les bœufs et se tirer une balle dans le pied…
On peut le faire, bien sûr, mais ça vaut peut-être le coup d’y réfléchir un peu !
Car si c'est une histoire de couple, en effet, il ne faut pas oublier que l'un des deux a souvent du mal à se faire entendre. C'est pourquoi je plaide en son nom!
Amicalement,
VSV
Message édité par: EcoleDesChevaux, à: 2008/08/06 19:33
L'extérieur! Comme il serait bon d'aérer un peu plus souvent les montures coincées dans les rectangles! Je ne puis que me joindre à votre point de vue. L'extérieur est une école formidable! Evidemment, j'ai de la chance, des kilomètres de chemins en site propre!
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Riding in the countryside is a marvelous thing that should be practised much more often! I do agree with you! Actually, I am very lucky! Miles of adapted tracks in forests!
Vincent Delespaux
Coordinateur AI Benelux