Évolution de l'appuyer
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Jean, merci de ton intervention. Le plaisir est partagé.
Ce qui m'a fait proposer une discussion sur cette vidéo, c'est justement les affirmations qui y sont contenues. Je souhaitais lire l'opinion de personnes plus expérimentées que moi sur le sujet.
Dans les images proposées, il est indéniable que l'on voit une évolution dans la réalisation des appuyers. Il me semble qu'outre l'angle, l'incurvation est nettement plus prononcée dans les extraits les plus récents. La codification ancienne demandait-elle une incurvation aussi prononcée ? Si oui, comment expliquer ce qu'on voit sur l'extrait concernant Lesage ? Un certain laisser-aller des juges de l'époque comme on a pu en voir plus récemment sur le piaffer ?
À ce propos, et en souvenir d'un article de ton blog, je te cite ce petit passage de la postface du Gymnase écrite par le Colonel Hans von Heydebreck (en 1935 ?) :
Déjà même, étant donné, comme nous l'avons mentionné plus haut, que les problèmes posés aux concurrents des épreuves de dressage ne cessent d'augmenter en nombre et en difficulté, nous sommes arrivés à ce point que la véritable équitation en souffre. Même, aux épreuves hippiques des Olympiades, on exige, dans le domaine du dressage, des airs de haute école, alors que la majorité des cavaliers et des chevaux ne sont pas complètement confirmés dans la pratique de l'équitation ordinaire. Ce qui est montré dans ces conditions, ce n'est précisément plus de l'équitation, ce sont des tours de force !
Catherine, vous ne pensez pas que la sélection opérée depuis plusieurs génération dans certains studbook ait réellement une influence sur le modèle, la performance et le caractère des chevaux ?
Marit, votre façon de résumer une discipline est assez caricaturale. On pourrait faire de même avec le CSO. En quoi cela ferait-il avancer une discussion ?
Oui on pourrait en faire de même avec le CSO et je prone de redonner au cheval à sa juste place dans le couple sportif.
Merci Olivier de me rappeler ce texte de v. Heidebreck que j'ai certainement lu il y a plus de quarante ans, et qui est toujours d'une vérité frappante, dans notre monde où ce sont des «pilotes» qui montent les chevaux en compétition.
Concernant le pli il y a évidemment des différences énormes entre les exemples de cette vidéo, mais je n'y vois pas une évolution historique: Lesage donne peu de pli parce qu'il monte un pur-sang, et d'autre part l'école française pratiquait (et pratiquerait encore, à supposer qu'il en reste quelque chose) l'appuyer avec un pli modéré. Les allemands quant à eux ont toujours favorisé un pli plus important dans l'appuyer. Dans le film Neckermann pratique un pli assez marqué, mais Klimke vingt ans après me semble avoir un pli moins fort.
Ensuite, on entre effectivement dans cette ère d'exigences accrues et le pli est aussi plus accentué de manière systématique. Parfois cela va évidemment trop loin, parce que si on veut vraiment beaucoup de pli, la différence de ploiement entre l'encolure et le reste du corps devient notable et même laide (encolure quasiment cassée), et peut aller jusqu'à gêner le cheval.
Je vois finalement, plutôt qu'une évolution continue, une rupture assez récente, liée aux contraintes propres à la compétition, au désir d'impressionner les juges et les éventuels spectateurs, plus qu'à une amélioration de la technique équestre.
Voici ce que préconise le règlement de dressage de la FEI ( 2006)
Article 412 DEPLACEMENTS LATERAUX (PAS DE CÔTE)
1. Le but principal des déplacements latéraux est de développer et d’augmenter l’engagement de l’arrière-main et, ainsi, le rassembler.
2. Dans tous les pas de côté : épaule en dedans, travers, renvers, appuyer, le cheval est légèrement incurvé et se déplace sur deux pistes distinctes.
3. L’incurvation ou la flexion (pli) ne doivent jamais être exagérés afin de ne pas entraver l'équilibre et l'aisance du mouvement.
4. Dans les déplacements latéraux, l'allure doit rester aisée et régulière, soutenue par une impulsion constante. De plus, elle doit rester souple, cadencée et équilibrée. On constate souvent une perte d'impulsion due principalement au souci du cavalier d'incurver son cheval et de le pousser latéralement.
8. L'appuyer
C'est une variante du travers, exécuté sur la diagonale au lieu d'être exécuté "le long du mur". L’appuyer peut être présenté au trot rassemblé, au galop rassemblé et, dans les reprises libres, au passage. Le cheval doit être légèrement incurvé autour de la jambe intérieure du cavalier, du côté du sens du déplacement. Le cheval doit conserver la même cadence et le même équilibre pendant tout le mouvement. Afin de donner une plus grande liberté et une plus grande mobilité aux épaules, il est essentiel de maintenir l’impulsion et de veiller à l’engagement du postérieur intérieur. Le corps du cheval est presque parallèle au grand côté de la piste, cependant l'avant-main doit précéder légèrement l'arrière-main.
Au trot, les membres extérieurs croisent devant les membres intérieurs.
Au galop, le mouvement est effectué en une série de foulées vers l’avant et de côté.
6. Le travers (tête au mur). Cet assouplissement peut être présenté au trot rassemblé comme au galop rassemblé. Le cheval est légèrement incurvé autour de la jambe intérieure du cavalier mais avec un degré d’incurvation plus important que dans l’épaule en dedans. Un angle stable d’environ 35 degrés doit être maintenu ; de face comme de dos, on doit voir quatre pistes. Les antérieurs restent sur la piste et les postérieurs se déplacent sur une piste intérieure. Les membres du côté extérieur chevauchent ceux du côté intérieur. Le cheval est incurvé du côté du déplacement. Pour commencer le travers, les postérieurs sont maintenus à l’intérieur après un coin ou un cercle mais non poussés à l’intérieur de la piste. A la fin du travers les postérieurs reviennent naturellement sur la piste sans contre-flexion de l’encolure/nuque à la manière de la sortie d’un cercle.
Question: sur la video, Totilas appuie-t-il au trot? Au passage? Ou dans une allure dénaturée?
@ Olivier: Bernard Maurel et Bruno dlB sont les plus qualifiés pour vous répondre.
Ce que j'ai vu:
1/ des connemara et des camargues qui ont pris de la taille dés la première génération née hors berceau de la race et donc dans un environnement moins hostile.
Donc, oui, l'environnent modifie la morphologie ( et l'épigénétique semble prouver que l'environnement modifie aussi les gènes mais sur du long terme)
2/ Je ne crois pas que ce soit une évolution de la morphologie qui produisent des chevaux avec du "rebond". Mais, ayant assisté à des stages de rollkur, je peux vous confirmer que c'est bien l' usage de l'encapuchonnement forcé qui oblige le cheval privé de son balancier et du jeu de ses épaules à compenser en jetant ses antérieurs par saccades.
Et là, c'est de la mécanique, comme les chevaux américains, faite de ficelles et autres poulies ( même dans la muserolle) et non pas de la génétique.
Ajoutons que les élevages nordiques bénéficient du support d'une organisation au marketing pointu pour la valorisation de leurs races.
Marketing qui a su imposer en peu de temps l'image vendeuse d'une encolure encapuchonnée comme référence d'un cheval dressé.
donc le reglement de la FEI mélange allègrement l'engagement de l'arriere main qui est du ressort de la flexion d'une piste (et surtout pas de deux pistes sauf si vous aimez les chevaux qui s'arment ) , et effectivement , la mobilité ultime des épaules ..
les deux ne s'adressent pas à la même chose et sont deux moments successifs d'une même progression dans le temps . on ne porte pas les épaules sur une piste interne et les hanches sur une piste externe d'un cheval qui peut toujours potentiellement se cramponner , on reste sagement en flexion d'une piste jusqu'à ce quelle ait produit son effet , puis on porte millimetre par millimetre les épaules un peu plus dans le sens de la flexion , et on doit passer de la flexion d'une piste à deux pistes sans que le cheval ait l'impression que ce soit une nouvelle leçon , ..
réfexions du naïf de service :
Ajoutons que les élevages nordiques bénéficient du support d'une organisation au marketing pointu pour la valorisation de leurs races
Marketing qui a su imposer en peu de temps l'image vendeuse d'une encolure encapuchonnée comme référence d'un cheval dressé.
on ne peut qu'approuver l'organisation et le sens des affaires des élevages nordiques
en revanche, si leurs chevaux sont si supérieurs aux autres, pourquoi avoir rajouté l'encapuchonnement ?
On pourrait faire de même avec le CSO
il me semble qu'il y a plus de diversité dans les modèles des chevaux de CSO et que la technique a évolué plus positivement dans cette discipline
France, je ne suis pas sûr que vous m'ayez compris...
Marit a résumé la discipline du dressage à l'idée "de faire juste belle figure sur un mouchoir de sable".
Je lui ai répondu qu'on pouvait tout aussi facilement caricaturer la discipline du CSO.
Quant à la diversité des modèles... Je pense que la sélection en CSO est toute aussi rude qu'en Dressage. Entre Fuego et Totilas, il y a quand même une sacré différence de modèle et je ne vois guère d'ibériques en CSI. ;-)
shame on me :-( Olivier ; merci de m'ôter la brume de l'esprit
Fuego...faut bien une exception pour confirmer la règle !
pas d'idériques en CSI mais pas non plus uniquement des machines de guerre germaniques :-)
Catherine, dommage que vous ne soyez pas un cavalier pro en recherche de montures, votre répartie me plait (ainsi que le compliment sur mes protégés) et nous aurions pu collaborer, ceci dit je vais tenter un essai avec un réserviste pour les JO, cavalier de complet, là ou je me dis qu'on aime les chevaux un peu expressifs (le contraire d'éteint et soumis) et capable de sauver la mise sur un tronc ou une banquette.... et non pas de faire juste belle figure sur un mouchoir de sable.
Oui Miss Muzy c'était à prendre au second degré.