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Embouchure et Contact

18 replies [Last post]
CARDE christian
Offline
Joined: 17/03/2006

Embouchure et contact
Dans ce type de question, au cœur de la pratique équestre, les réponses, à mon sens, peuvent varier à 180°. Je m’explique :
• D’abord il est vain de chercher le bon contact hors de l’équilibre, notion clé. Et la première question est de s’accorder sur ce que l’on entend par équilibre équestre.
• Ensuite le contact sera :
• facile mais avec tension plus ou moins prononcée des rênes sur des chevaux à bouches peu sensibles, et il faudra annuler les résistances.
• difficile sur des chevaux à bouches délicates que le mors perturbera (beaucoup de chevaux ibériques) qui refuseront le mors et s’encapuchonneront pour l’éviter.
Dans ces deux cas on agira de façon complètement différente.
Mais le bon contact dépendra surtout de la main du cavalier. Mieux vaut changer la main que le mors. Et dans ce domaine pas question de trouver de solution hors d’une assiette imperturbable qui permet la parfaite indépendance des aides.
Vient ensuite la conception équestre du cavalier : quelle tension donner aux rênes ? Se pose alors le débat qui fâche souvent: comment marier légèreté et tension. C’est toute l’équitation.
Nota : - Contact n’a pas la même signification dans les différentes langues et différentes cultures équestres.
- Tension non plus ! Et lorsque j’étais aux affaires j’avais du mal à faire comprendre ce qu’était un cheval « tendu »…ce qui n’a rien à voir avec la tension des rênes. Saint Fort Paillard l’explique très bien dans son bouquin. Les cavaliers d’obstacle le comprennent généralement plus facilement que les cavaliers de Dressage, car le cheval pas tendu…ne saute pas.

Nathalie Bégou
Offline
Joined: 20/04/2008

Bonjour Mr Carde,

Quand vous dîtes "mieux vaut changer la main que le mors", doit-on en déduire que toutes les embouchures apporteraient le même confort / inconfort dans la bouche du cheval ?
Dés l'instant ou la main agit pour aider le cheval à s'équilibrer, n'existe t il pas des mors conçus pour faciliter cette mise en main, avec lesquels les chevaux seront plus à l'aise, parce qu'ils comprendront mieux ce que l'on attend d'eux ?

D'autre part, s'il on prend le cas d'un cheval "mal" dressé avec un filet, et si ce cheval semble être mieux avec une bride : le rééduqueriez vous malgré tout avec un filet ?

Merci d'avance pour votre réponse.
Cordialement,
Nathalie

jane
Offline
Joined: 07/06/2008

Monsieur Carde,

oui, vraiment, si on définissait l'équilibre, du point de vue du cheval surtout, les choses iraient mieux.

la bonne main fait évidemment tout, je souscris pleinement.

Veillons juste à ne pas créer de contre-temps mécanique dû à l'emploi d'un mors inadapté dès les commencements (je sais bien que j'enfonce une porte déjà grand ouverte)

cependant, vous parlez des Ibériques, et la variation de mors peut être précieuse selon l'exercice abordé ;

mais, je ne parle pas de la course aux mors pour pallier ou masquer les insuffisances de la main (75% de l'usage de la bride.)

Par exemple, un cheval qui apprend le changement de pied peut parfois se sentir bien soulagé d'un autre mors, du passage d'une brisure à un mors droit, si, par exemple, on note un relevé prononcé de la nuque (en dehors de toute considération autre, tel l'exercice prématuré, etc.)

qu'en pensez-vous ?

Jane Aériks

CARDE christian
Offline
Joined: 17/03/2006

Bien sûr mesdames, je suis d'accord avec vous pour que l'on adopte le mors qui corresponde le mieux à la bouche de notre cheval, d'une part, et à l'usage que l'on en attend, d'autre part.Et c'est vrai qu'à notre époque on manque de choix pour trouver l'embouchure idoine ( il y a lurette qu'a disparu l'éperonnier qui fabriquait des mors sur mesure ) Mais dès lors que l'on change souvent les mors pour trouver la solution du contact, on se trompe.

jane
Offline
Joined: 07/06/2008

Monsieur Carde,

dès lors qu'on change souvent le mors parce qu'on a un problème de contact, on se trompe.

mille fois oui, car cela trahit une vision mécaniste du contact.

bonne soirée

Jane Aériks

OLRY Juliette
Offline
Joined: 17/03/2006

CARDE christian écrit:
[Dans ces deux cas on agira de façon complètement différente.

Bonjour Colonel ,

pouvez vous s'il vous plait développer les façons différentes ?

m'interesse à titre personnel plus particulièrement le cas du cheval ibérique que l'on a éduqué a craindre le mors et qui a tendance à refuser le contact car on l'a habitué à travailler dans un soi disant rassemblé qui n'est que du ratatinage en le bloquant avec une embouchure sévère qu'il fuie en s'enfermant et lâchant le mors .
je m'attache a lui redonner l'élasticité de son encolure mais ai quelque difficulté ( même si cela évolue positivement) à ce qu'il garde le contact et accepte de se tendre .

aussi j'aimerais connaitre votre approche du problème ,et vous en remercie par avance .
je monte ce cheval avec un simple mors chantilly et une muserolle française non serrée .

Message édité par: olry, à: 2008/07/01 13:45

CARDE christian
Offline
Joined: 17/03/2006

Voilà comment se pose souvent le problème : pour des raisons que j’ignore mais qui doivent tenir soit à une grande sensibilité de bouche soit à un débourrage hâtivement conduit en forçant le ramener ( et souvent les deux) beaucoup de chevaux Ibériques refusent le mors et s’encapuchonnent. Ils prennent alors l’habitude de travailler derrière la main, enfermés, et dans un grand bavardage qui traduit leur contrariété. Ils sont alors inutilisables en haute école. Il convient alors :
- de leur remettre le bout du nez vers l’avant,
- de leur faire accepter le contact du mors aussi léger soit-il.
Pour cela je recommande un redébourrage avec caveçon ( que l’on place par dessus l’embouchure de filet) sans contact avec le mors jusqu’à ce que le cheval s’en aille gentiment, la bouche tranquille, le bout du nez légèrement en avant, la nuque en place. (« la nuque en place » était une expression qu’on entendait souvent employée dans les manèges de Saumur il y a quelques décennies, mais qui est curieusement passée de mode !)
Cela prend des semaines. Lorsque c’est acquis il faut prendre en douceur le contact du mors tout en gardant ajustée la rêne de caveçon pour que le cheval reste dans les mêmes dispositions qu’indiquées plus haut. Progressivement on abandonnera le contact sur la rêne de caveçon. Quand le cheval se posera en confiance sur le mors on pourra abandonner le caveçon. Cela marche très bien. C’est une question de patience.

SINIGAGLIA Françoise
Offline
Joined: 03/10/2007

je relance!(comme au poker),colonel, j'ai l'iberique, pas maltraité, il bavarde avec son mors, souvent lorsqu'il semble interloqué,,ou surpris.. sinon non, j'attends qu'il se pose comme un petit oiseau sur sa branche..il répond aux demandes.. serrer la muserolle.. ben c'est pas dans mes idées..est ce qu'un petit bavardage de temps en temps chez un poulain de 4 ans qui sort ses coins est a eviter ? par ex en lui changeant" le sujet tout le temps" .. ou a intégrer comme un péché de jeunesse? il me fait penser a un ado qui machouille son chewing gum quand il est mal a l'aise..je ne sais pas, qu'en pensez vous? (il ne le fait jamais quand je demande une mise en avant , c'est aux poses-reflexions)parce que je reflechis beaucoup avant d'intervenir "sur le bec", alors en attendant vos suggestions , je ne fais rien.. amicalement a toutes et tous! FS

CARDE christian
Offline
Joined: 17/03/2006

Françoise, "à l'impossible nul n'est tenu". C'est souvent la contrariété qui les rend bavard. Mais si vous garder votre animal dans le meilleur équilibre possible, le bout du nez en avant, s'il accepte une relation permanente légère, confiante, confortable, avec votre main, même si elle se limite au poids des rênes, vous êtes sur le bon chemin.Les manquements à cet état ne doivent être que passagers et de courte duré et suivi d'une remise en place gentille; ça marchera si votre poulain comprend ce que vous voulez établir comme relation main-bouche, et si ce que vous lui demandez lui est facile: ce sont souvent une main trop dure,des hanches et épaules raides, une assiette pas assez liante, un mors inadapté, ou une bouche rendue trop sensible par la nourriture, une blessure ou autre....les conditions pour que ça rate sont nombreuses.

jane
Offline
Joined: 07/06/2008

Monsieur Carde,

je relance votre propos sur les Ibériques détraqués.

En règle générale, les jeunes individus que nous trouvons en France sont des sous-produits qui ne remplissent pas tout à fait les critères qui font rêver outre-pyrénées.

C'est encore plus vrai lorsqu'il s'agit d'un Ibérique à reconstruire.

Le débourrage pratiqué hors les institutions reconnues est redoutable, et nombreux sont les Ibériques qui portent dans leur bouche et sur leurs flancs les traces d'une équitation déraisonnable, j'ai peine à écrire le mot "équitation."

La méthode que vous indiquez pour reprendre de tels chevaux est évocatrice du chemin qu'on peut suivre avec les chevaux de course chanceux parce qu'on les destine à une seconde carrière.

Un des problèmes majeurs qu'on rencontre avec les Ibériques ayant vraiment souffert est que la base inférieure de leur chanfrein a été broyée par des caveçons cloutés, et il ne reste plus alors qu'une sorte de matière molle en guise de bout du devant, horriblement sensible.

Avec de tels chevaux, tout devient difficile à l'extrême.

En outre, si souvent, ils fuient la jambe de façon erratique, sont devenus de véritables anguilles ingouvernables, et, dès que possible, ils précipitent vers l'avant, prenant un frénétique galop en sauts de pie, ou un trot avec les genoux qui montent aux oreilles, en s'enfermant ou en montant le nez au ciel.

Il y a certainement plusieurs manières de reprendre, ou tout du moins, de tenter de reprendre, ces chevaux-là.

Le premier critère, c'est de ne pas avoir peur, parce que certaines situations peuvent générer la peur.

Certains de ces chevaux-là sont de redoutables pointeurs.

Je pense que nous parlons trop peu souvent de la peur.

J'évite aujourd'hui de travailler de tels "produits", parce que la vie d'un cavalier est trop courte pour qu'il puisse se payer le luxe de traîner comme une croix la rééducation d'un ou plusieurs chevaux malchanceux.

Avec les chevaux trop abîmés, les dégâts sont une malédiction éternelle.

Je comprends bien qu'on puisse s'adonner un temps à secourir, à restaurer ce qui peut l'être, mais, sauf à avoir ce supplément d'âme que je n'ai plus, je crois qu'il faut savoir passer son chemin.

digression terminée.

j'ai, avec plus ou moins de bonheur, entrepris la rééducation d'un (tout) petit nombre d'Ibériques très abimés, parce que je les trouvais beaux.

Ils étaient beaux, et très forts.

A tout prendre, je dois admettre que ce qui a été le plus efficace en terme de temps et de qualité, j'insiste, de qualité, c'est l'emploi du gogue, mais du gogue commandé façon R. Gogue, c'est à dire en effet coulissant, et certainement pas en effet de "placé".

A qui bien y regarde, cette technique est cousine de celle évoquée par Monsieur Carde.

C'est à dire que je me suis contentée de régler la rêne de filet et la rêne de gogue d'égal contact, le plus léger possible, puis à laisser défiler les rênes entre mes doigts, avec un souçon de retard sur la rêne de gogue, afin que les chevaux tendent leur encolure vers le bas, curieux de ce mors qui sans cesse se défilait vers l'avant.

Ainsi, assez rapidement (quelques semaines), les chevaux ont appris à se tendre vers l'avant, et vers le bas, à la recherche de ce mors furtif, et mon travail a consisté alors à RE-prendre par intermittences un contact avec la rêne de filet, jusqu'à ce qu'ils osent s'emparer enfin (!) de ce métal devenu aimablement fixe.

cette technique a été doublement profitable, car les chevaux, invités par le canal coulissant à descendre la nuque SANS aucune recherche de ramener (destructrice à ce moment de la rééducation, de toute façon le gogue comme les rênes allemandes ne sont pas faits pour ramener, c'est même tout le contraire)....les chevaux, donc, ont modéré leur fuite en avant, car il est très difficile au cheval de "courir" longtemps dans cette attitude, c'est pourquoi, si l'on s'abstient de la deuxième erreur, qui est de mettre des jambes, il revient tout seul à sa cadence naturelle.

Une fois (comme c'est délicat) l'attitude basse conquise, le contact avec le mors rétabli, la fuite en avant réglée, il reste à ne pas commettre quelques autres erreurs, parmi lesquelles les deux suivantes :

1)
jouer avec les pas de côté. Car il faut avant tout remettre sur des rails, et par cette expression, j'entends "relier l'avant-main à l'arrière-main", car les chevaux anguilles sont neuf fois sur dix raides des épaules, voire boîteux, et "trop" souples du derrière.

2)
reprendre le travail directionnel par l'utilisation de la rêne d'ouverture, que beaucoup d'Ibériques ne connaissent pas. Certains sont même entiers à une main. ils détestent la rêne d'ouverture, et le travail évoqué par Piotr, c'est à dire rêne dans la main gauche, est bien plus profitable.

voici mon témoignage, qui, je l'espère, vous intéressera, avec toutes les limites qu'on peut lui poser, avec tous les compléments qu'on peut lui donner, que j'admets bien volontiers, n'étant experte en rien.

Jane Aériks

CARDE christian
Offline
Joined: 17/03/2006

Voilà un témoignage bien intéressant. Et pour les moyens de "réparation" des chevaux cassés vous en savez plus que moi. Votre expérience sera utile à ceux ( courageux, vous avez raison) qui oseront entreprendre de recoller les morceaux. Le succès ne sera pas garanti pour autant car des dommages physiques ou psychiques sont parfois irréparables. Notre temps devrait agir pour que les abus que vous dénoncez ne puissent plus se produire. Contre ça: des gens pressés, des gens qui n'aiment pas les chevaux, des incompétents. Difficile combat! Il est un de ceux que nous menons au sein de l'association.