Discussion de fond
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Sandra, nous humains partageons avec les primates un certain nombre de programmes, dont le fameux programme de portage que le cheval ne possède pas. La jument ne porte pas son petit sur son dos et le petit du cheval n'a pas de velléité à se faire porter.
Il est donc naturel pour l'humain de grimper sur le dos du cheval pour se faire transporter.
Le cheval ne possédant pas ce programme et ne dépassant pas le stade du miroir est incapable de faire la synthèse entre piéton et cavalier sur son dos. Le chevauchant devient ce que les scientifiques ont défini comme un "bouquet de sensations" : c'est la plus belle expression scientifique du mythe du centaure, pour le cheval le cavalier fait un avec lui, indissociable de ses propres sensations.
C'est alors l'isopraxie qui entre en jeu, grâce aux fameux neurones miroirs, ces neurones récemment découverts par un scientifiques italien, Giacomo Rizzolatti, et qui permetTENT la reproduction des mouvements... je ne m'aventurerais pas plus sur le sujet, il y a tout plein de littérature disponible sur internet. Je dirais seulement qu'à la question enfantine du "pourquoi on baille quand on voit autrui bailler ?" la réponse se trouve dans les propriétés des neurones miroirs :)
Message édité par: marit, à: 2010/10/22 10:43
je monte à cheval parce que c'est une porte vers le ciel et j'enseigne l'équitation ( du moins j'essaye ) pour aider les cavaliers à ouvir cette porte vers ce royaume ... qui est en nous et que les chevaux révèlent , eux qui sont de si bons passeurs !
mais l'idéal ne suffit pas . Je vois régulièrement des cavaliers qui ont un idéal élevé et me parlent de centaurisation, légèreté , éthologie et autres beaux mots auxquels je finis par être allergique quand ensuite je voie ces mêmes cavaliers à cheval. Trop souvent on oublie que le talent c'est 99% de travail , et de travail essentiellement sur soi .
Alors l'ideal , oui il le faut , mais il faut que se soit un idéal incarné vécu et non juste un souffle qui passe et s'oublie.
Il faut donner corps aux idées et affiner chaque jour l'idée et le geste qui en découle . La foi sans les oeuvres est vaine .
Message édité par: olry, à: 2010/10/22 10:12
Message édité par: olry, à: 2010/10/22 10:33
Probablement parce que c’est « un endroit » où un homme (une femme) sensible peut s’exprimer sans recevoir de jugement en retour, ni paraître être un faible. Au contraire.
La force de l’équilibre psychologique qui découle de cette relation est utile à l’homme, tout comme au cheval dont la sensibilité se montre quotidiennement nettement supérieure.
C’est cette haute sensibilité de l’animal qui lui donne beauté et grâce.
Une sensibilité dont l’esthétique évidente permet de conserver intacte chez l’homme la faculté de l’émerveillement, une faculté qu’il faut protéger s’il en est conscient.
Cela n'est-il pas suffisant pour être attiré par le cheval et par l’équitation?
Peu importe le déclencheur qui fait commencer la relation avec les chevaux. Il y a une attirance intuitive. Pourquoi de tous temps le cheval a-t-il exercé une fascination sur l’humain ?
Quand on observe le cheval, on aime sa beauté, son potentiel de puissance. On est surpris par une aptitude étonnante où dans l’instant, simplement sur un prétexte, l’ordinaire explose dans l’action d’une façon optimale.
Quand on le côtoie, on s’aperçoit d’une qualité surprenante : il donne. Sans retenue, inlassablement, il est né comme cela, foncièrement gentil. Et plus, si les mésaventures de la vie le blesse, il est capable de faire à nouveau confiance et de donner encore, à fond.
Mais, il y a autre chose de plus étrange. Le cheval a une capacité particulière : il nous transporte.
Certes, il emmène le cavalier d'un point à un autre. Mais il est aussi capable de nous trans-porter.
L'équitation apprend à gérer le mouvement dans l'affinement d'une communication. Le cheval ouvre alors la porte à son cavalier pour entrer dans un univers de sensations. Puis, le travail sur l’équilibre, l’apprentissage de la précision modifient le rapport au sol et emmènent dans un registre de sensations qui est comme décroché de l'attraction terrestre. Le cavalier porté se meut dans un espace incorporel.
Le dialogue devient alors une fusion entre deux intelligences. A ce moment, même si l’on est l’initiateur de la démarche, le guide est l’esprit du cheval. Il emmène dans un système vaste et heureux en prise directe avec l'essence de la vie.
Le cheval devient un vecteur pour passer du terrestre à l'immatériel. Paradoxal de pouvoir par un langage tactile accéder à un état d'esprit !
Dés qu’on y accède, on réactualise instantanément le contenu de son idéal à viser !
Merci Josette!
Et bises...
.
Ainsi, dirions-nous en langage savant, vous êtes possesseur d'équidés mais vous n'êtes pas équitant. Toutefois votre intervention empreinte d'humour m'a remis en mémoire un conte de Shéhérazade, méconnu depuis que des critiques jaloux l'ont qualifié d'apocryphe. En voici le début (traduction personnelle):
"L'homme le plus riche d'Ispahan possédait dans son palais le plus merveilleux harem de toute la Perse, tant par la magnificence des décors que par la beauté des femmes. A celles-ci, il ne touchait jamais, se satisfaisant de les savoir dans ses murs, jusqu'au jour où un besoin pressant autant qu'imprévu le mit dans la nécessité d'ordonner à ses serviteurs, etc."
J'aurais dû spécifier que mes dernières lignes étaient une réponse à l'intervention de MARIT du 18/10/10, lesquelles ne se sont pas intercalées là où raisonnablement je m'attendais. Marit, excusez mon inexpérience.
Alain, détrompez vous, j'équite, quand j'en ai le temps. Mais mes chevaux vaQUants dans quelques hectares de pâtures, n'ont pas, comme les chevaux en boites, l'impérative nécessité d'être sortis.
En outre mon groupe de poulinières (ou il y a bien quelques juments de concours) est stable et la stabilité des groupes constitués participe au bien être et à la santé des chevaux.
Donc pour mon plaisir égocentré je pourrais effectivement grimper sur ma "Diamant" histoire de crâner un peu, mais je préfère dans la mesure du possible éviter les stress inutiles.
Et heu, mon intervention n'était pas prévue pour être humoristique.
Voili.
:)
Message édité par: marit, à: 2010/10/25 15:22
Pourquoi et pour quoi monter à cheval ?
Vos réponses riches et pertinentes me mettent dans l’embarras car la mienne n’ajoutera guère à ce que vous avez expressément dit ou laissé entendre. Elle tient en trois mots :
plaisirs - bonheur - mystère.
1/ Plaisirs physiques : le cheval est beau à voir, sa robe appelle la caresse, il sent bon, tout comme les cuirs de son harnachement ( quel cavalier ne hume pas à plaisir les effluves de la sellerie ? ), les bruits qu’il émet sont agréables à l‘oreille, qu’il soit à l’écurie ou bien en extérieur ( rien n’est plus troublant que les fers claquant sur la chaussée si ce n’est la batterie conquérante des talons hauts d’une jolie fille). Plaisirs d’être en selle, d’avoir le cul bien au fond, plaisir des jambes au contact, plaisir de la course, du saut, plaisir du jeu partagé, de la folie à deux avec un copain toujours prêt à déconner. Mais aussi, plaisir d’être en hauteur, d’être au-dessus des autres, de découvrir ce qui échappe au piéton, de voir venir à soi les animaux sauvages, plaisir d’être vu, de plaire et d’étonner, plaisir épidermique du prestige, etc.
2/ Bonheur, bonheur de la difficulté surmontée, de l’humiliation comprise et acceptée, du travail bien fait, bonheur d’être soi, de s’accomplir, de s’affirmer à ses propres yeux, de se dépasser, bonheur du courage éprouvé, bonheur de faire cette chose qui, par extraordinaire, améliore l’être que je suis, bonheur d’être en accord avec soi-même (autant de bonheurs que ne peuvent connaître les cons qui restent en selle ce qu’ils sont à pied), etc.
3/ Mystère dans les deux sens du terme :
mystère = énigme : je ne sais pas pourquoi je monte à cheval, mais il faut que je le fasse. Cela m’est incompréhensible et nécessaire. Point d’explication possible, on ne peut qu’invoquer la fascination que le Cheval exerce sur l’Homme depuis la nuit des temps, comme le prouve l’ Iliade qui, voilà trois mille ans, célébrait l’animal fabuleux,
mystère = religion, mais il s’agit dans notre cas d’une religion qui n’en est pas une, qui n’invoque aucune divinité mais dont nous sommes les modestes desservants. Entrer dans une écurie, c’est entrer dans un lieu à part, secret, intime. Préparer son cheval, c’est suivre une sorte de liturgie imposée avant de participer à la cérémonie qui a lieu dans le temple couvert du manège (et pour laquelle devrait toujours être exigée une tenue vestimentaire impeccable)…Sans pouvoir le dire, nous sentons bien qu’aucun de nos gestes n’est anodin. Alors,
…alors, curer les pieds, n’est-ce pas un plaisir, un bonheur et un rite…à votre avis ?
euh...... pouvez vous expliquer en quelques phrases?
Sandra Mesrine