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Equitation, science ou technique?

36 réponses [Dernière contribution]
CARDE christian
Déconnecté
Inscrit: 17/03/2006

Science ou technique ?

Voilà, je crois, une vraie grande et difficile question.
« Toutes les Sciences et tous les Arts ont des principes et des règles, par le moyen desquelles on fait des découvertes qui conduisent à la perfection » écrivait La Guérinière, qui ajoutait : « la Cavalerie est le seul Art pour lequel il semble qu’on n’ait besoin que de pratique ; cependant la pratique dépourvue de vrais principes n’est autre chose qu’une routine.. »
On notera les majuscules des mots importants. Un peu moins de deux siècles plus tard le général L’Hotte s’exprimait de façon semblable dans les « Questions équestres » lorsqu’il conseillait de bien différencier principes, méthodes, et procédés.
Associer Science et art ennoblit l’équitation. Notre époque en fait trop souvent une technique…plus ou moins ésotérique, aux méthodes et procédés variables selon les prophètes.
Certes il ne peut pas y avoir de méthode unique, car si l’équitation est une science (et nous conserverons ce noble vocable) elle n’est, heureusement pas, une science exacte. D’où la nécessité de la baser sur des principes (ils sont de tous les temps et de tous les chevaux) et d’en chercher le chemin qui élève cheval et cavalier sous la conduite de maîtres.
Notre temps se devra d’expurger les principes de ce galimatias équestre qui nous est souvent servi, et de dénicher les maîtres (il y en a encore, mais peu) qui conseilleront les uns et les autres dans l’indispensable pratique qui les conduira sur la voie de leur vérité.

Marit
Déconnecté
Inscrit: 23/12/2008

Je crois que ce sujet est le coeur de toute l'Equitation, de toutes les équitations.

Science : pour moi c'est une évidence de par l'"unité biologique" du cheval, j'entends par là qu'il s'agit d'un organisme vivant particulier et différencié des autres organismes vivants. Il mérite qu'on l'étudie.

Technique : difficile de s'affranchir de la connaissance physique et psychique du cheval et de là il n'y a qu'un pas à franchir pour une pratique raisonnée en application de ces connaissances. Pour moi donc la technique est l'art de se servir des connaissances de la science dans le respect de l'animal.

Et l'Art enfin : l'Art c'est l'Ame, lorsque l'homme-cavalier-écuyer décide de transcender la science et la technique pour exprimer son âme.

Désolée pour ces "envolées lyriques" mais si l'homme n'est pas capable de mettre son âme dans sa création équestre, il vaut mieux qu'il chevauche une mobylette :)

L'équitation est donc selon moi un parcours initiatique, qui reste très personnel et la recherche d'un Maître pour guider ses pas et partager savoir et émotion devient rapidement une nécessité.

Message édité par: marit, à: 2009/04/18 11:03

 

FARNAULT Philippe
Déconnecté
Inscrit: 25/07/2006

Bonjour,

Je ne sais pas la part de la science dans l’équitation ; ni quelle influence, consciente et/ou inconsciente, elle peut avoir (ou elle a déjà) sur le comportement d’un cavalier (moi, par exemple).

Dans l’ignorance et donc par défaut, j’aurais tendance à préférer cette phrase que vous reprenez : « La Cavalerie est le seul Art pour lequel il semble qu’on n’ait besoin que de pratique ; cependant la pratique dépourvue de vrais principes n’est autre chose qu’une routine.. ».

De façon générale, cela me paraît un bon moyen de rester simple, ce qui est déjà une forme de maîtrise.
Et c’est ce qui doit attirer en premier chez un homme/femme qui montre de l’expérience.

En disant simple je n’espère pas que l’on comprenne pauvre (par manque d’ouverture),

Est-ce que l’esprit ou l’âme, comme l’écrit Marit, peut suffire?
Mais sans doute est-ce cela la part de la science, non ?

Si la science doit me séduire, je n’aimerais pas qu’elle vienne m’enlever le goût de l’expérience personnelle ; ni cacher mes lacunes…

Je suis peut-être trop « brave », comme on dit dans le midi !

Amicalement.

LEMERI Béatrice
Déconnecté
Inscrit: 17/03/2006

Bonjour,
Qu'importe nos querelles de clocher, ou nos difficultés de compréhension.
Nous ne sommes pas tous arrivés au même niveau, cependant si à force de cheminer dans une pratique faite de respect et de rigueur (je parle de justesse de mouvement), nous parvenons enfin à ce sentiment de sublimation qui relève de l'art, alors là c'est la vraie récompense. Et si en supplément notre monture parait partager cet instant de béatitude, c'est le vrai bonheur.
Je vous le souhaite à tous.
Béatrice

Béatrice Lémeri

Bruno dLB.
Déconnecté
Inscrit: 24/11/2007

Votre post, mon Colonel, me paraît mettre en lumière le réel fléau de l'époque moderne.

On méconnaît de plus en plus les animaux dont les chevaux (exode rural) et réciproquement, les techniques se développent de plus en plus. (alimentation, sellerie, éthologie, vétérinaire, ....)

Les citadins, vivants à l'écart des chevaux, ne peuvent pas aisément adapter leur comportement à celui des chevaux tant à pied que montés.
Je crois que le développement de l'éthologie (entre autres) en est une preuve.

La science équestre est une affaire de "terrain".
L'art ne s'exerce que sur une large base de connaissances. Vouloir "consommer" de l'équitation conduit à une impasse.

Tentons une progression :
— Connaissance physique des chevaux
— connaissance du maniement des chevaux
— connaissance de l'art adapté à un cheval.

Amicalement

 

Jean M. B.
Déconnecté
Inscrit: 19/08/2008

Bonsoir à toutes et tous,

Sans contredire qui que ce soit, je me permets de proposer mon approche.

J'aime bien considérer le dressage des chevaux - je ne parle pas de compétition, bien sûr - comme une activité artisanale. L'artisan est quelqu'un qui a longtemps été un apprenti, qui a eu la chance d'avoir un «maître d'apprentissage» dont il a recueilli pas mal de grands principes et de petits trucs; il continuera une tradition sans prétendre que c'est la seule possible.

Notre artisan sera peut-être plus technicien qu'artiste, ou le contraire, mais son apprentissage aura assuré qu'un minimum de technicité, et un minimum d'expression artistique, de sentiment, seront présents.

Dans les cas favorables, il transforme son artisanat en «artisanat d'art» (drôle de formule je l'avoue mais je ne l'invente pas), et dans de rares cas de grand talent, en art tout simplement.

Amitiés,
Jean M

Marit
Déconnecté
Inscrit: 23/12/2008

J'aime bien votre vision Jean, qui m'inspire la citation remettre "cent fois sur le métier...", évoquant patience et persévérance...

:)

 

Bruno dLB.
Déconnecté
Inscrit: 24/11/2007

Bonsoir Jean,

Je me demande s'il est judicieux de comparer une technique artisanale à la pratique équestre ?
Il semble que l'art équestre est de savoir interroger le cheval pour obtenir en réponse le mouvement bien exécuté. (Placer et laisser faire)

Il est donc indispensable de bien connaître le cheval pour savoir comment le questionner. Cette connaissance n'est pas l'apprentissage et l'utilisation d'une technique (recopiée) mais sa bonne formulation pour le cheval considéré. Ce qui fait dire à certains auteurs l'importance du tact.

Amicalement

 

Jean M. B.
Déconnecté
Inscrit: 19/08/2008

Bonjour à toutes et tous,
Bruno, je ne proposais pas une comparaison, mais bien plus... je propose de considérer le dressage comme un artisanat à part entière.

Le fait que le cheval est un être vivant et requiert du tact n'est pas nié par ce point de vue, en tous cas je ne vois pas pour ma part de contradiction.

Il y a évidemment des connaissances en équitation qui ne relèvent pas de la technique ou de l'apprentissage, et vous avez raison d'y insister. Mais il y a aussi l'apprentissage des gestes ; quelqu'un qui a passé mille fois une barre à 1,30 mètre aura acquis une grande expérience du geste, ce qui libèrera ses ressources pour prêter attention à la personnalité de son cheval, alors que celui qui ne l'a passée que quinze fois ne peut encore se concentrer que sur son propre mouvement. Il en va de même pour de nombreux gestes du dressage proprement dit.

L'art vient nécessairement après un apprentissage fait entre autres choses de rabâchage (pour le cavalier, pas pour le cheval). C'est tout ce que je veux dire.

Amitiés,
Jean M

Bruno dLB.
Déconnecté
Inscrit: 24/11/2007

Merci, Jean,
je n'avais pas vu tout l'intérêt de votre propos.

Je prendrai le temps de mieux vous lire.
très amicalement, bruno

 

FARNAULT Philippe
Déconnecté
Inscrit: 25/07/2006

Bonjour,

En relisant ce sujet, il me semble pouvoir conserver mon point de vue, même s’il pêche par omission.

Je ne suis pas convaincu par la notion d’artisanat…

Ni par une éventuelle recherche qui nous conduirait à se demander si le cavalier est un manuel ou un intellectuel !

Désolé, et je respecte bien volontiers les idées de chacun, afin de pouvoir évoquer les miennes…

L’écuyer a atteint le stade d’un juste équilibre entre main et esprit ; ayant fait une juste part entre « pouvoir avec » et « pouvoir sur » par rapport au cheval.

L’artisan (le « compagnon fini ») aussi, c’est sûr, a trouvé un équilibre, « pensant ce qu’il fait et faisant ce qu’il pense ». Son pouvoir est certain sur la matière.
A la fin son œuvre (chef-d’œuvre), restera palpable et son savoir-faire visible.

Du cavalier, il restera l’esprit ; les valeurs fondamentales de l’équitation qu’il aura transmises, en ne sachant pas s’il a été réellement compris… C’est un vrai problème.

Amicalement.

(Le « pouvoir sur » le cheval de certains cavaliers serait le signe de la faiblesse de leur autorité)