Equitation, science ou technique?
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Vous y êtes tout à fait, Olivier, et je vous remercie d'avoir clarifié le sujet, évitant ainsi une polémique bien regrettable avec Marit
Effectivement on peut donner plusieurs sens à "loisir".
Les deux que vous citez, et même un troisième : est "cavalier de loisir" celui qui ne fait pas de compétition ; souvent, dans ce cas, il y a le sous-entendu "il monte mal, c'est normal et tant pis, il n'a pas besoin de mieux".
C'est pour ça que ce mot m'a fait broncher, puisque pour moi le cavalier de loisir est un amateur, compétiteur ou pas.
Peut-être aussi parce que je comprends mal qu'on puisse pratiquer une activité sans essayer de faire au mieux en fonction de ses capacités.
Vous reprenez la question de la transmission des savoirs, qui était au fond le problème principal de Marit
J'ai appris à monter à cheval à l'époque des degrés (zut, ça rajeunit pas :-( )
Les enseignants de ce temps étaient, parait-il, dépourvus de toute pédagogie. Leur premier souci était que l'apprenti tienne en selle avant de passer à autre chose ; ils étaient plus larges en critiques qu'en félicitations, et il fallait s'en contenter
Mais ils montraient ce qu'il fallait faire et le but à atteindre, ils expliquaient, citaient au passage des références équestres. Ils n'hésitaient pas a décortiquer les exercices après la leçon, pour expliquer encore. Ils parlaient du cheval, comment s'en occuper, le soigner, le nourrir
Le résultat était qu'on n'abordait un exercice qu'en y étant vraiment prêt et qu'on avait envie de se documenter sur la théorie. Le cheval, même de club, n'était pas considéré comme un jouet : pas de tapis rose ni de guêtres et bonnet assortis, mais un cheval nickel pour rentrer dans le manège (le temps passé à préparer l'animal n'étant pas du temps perdu)
Revenant dans les centres équestres en accompagnatrice, j'ai découvert un monde très différent :
- plus de degrés, mais 7 galops ; ce que j'ai trouvé plus motivant pour les cavaliers, dans la mesure où ça échelonne mieux les objectifs
- plus de démonstration de l'enseignant ; la consigne est "vous devez sentir" ; comment sentir ce qu'on ne connait pas, qu'on n'a même pas vu ?
- plus de mise en selle, c'est fatigant et ça lasserait le cavalier
- une progression fulgurante dans les débuts, mais souvent très artificielle...dangereux parfois, la stabilité du cavalier étant bien fragile
- peu de souci de la position à cheval ; c'est vrai que c'était ennuyeux de s'entendre rappeler à l'ordre "vos jambes, vos mains, votre dos, etc..." ; mais c'était utile
- bannissement des termes techniques, à plus forte raison des références aux Maîtres anciens ou modernes
On vous dira pêle-mêle que tout ça provient :
- de l'évolution de la société, les "clients" refusant l'effort
- de la fédération qui a transposé les principes du poney-club à l'ensemble de l'enseignement
- de la formation des enseignants, recrutés à un niveau trop faible ; ils seraient plus des animateurs que des moniteurs
- du "marchandisage" du sport
Il doit y avoir un peu de tout ça à la fois
Message édité par: france, à: 2009/04/25 19:31
Bonsoir,
Pour aller dans votre sens (j'ai moi-même été dressé à la dure):
Le cavalier non professionnel (j'en suis) n'a qu'un seul droit:
Celui de se réjouir d'avoir rempli tous ces devoirs!
Autrement dit:
Après avoir longtemps et abondamment servi, on mérite peut-être le plaisir d'être servi par notre ami, le cheval.
Repos.
Merci infiniment à Olivier et à France d'avoir pris le temps de tenter de déchiffrer et comprendre mes idées lapidaires.
Et d'en avoir restitué l'idée bien mieux que moi : c'est effectivement la transmission du Savoir qui m'inquiète, la transmission de Maître à élèves.
Et j'en reviens aussi à la question première finalement : Science ou Technique ?
Très bonne journée à tous.
Bonjour (ou bonsoir)
Je reviens après quelques semaines sans vous lire et je trouve un sujet plus que très intéressant avec beaucoup de lecture et choses à apprendre. Je vous en remercie toutes et tous.
Sur ce, je retourne à mes lectures.
A bientôt
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Tout est dans le sens que l'on donne au mot "loisir".
Si, comme je le comprends, l'équitation de loisir est celle pratiquée par ceux qui n'ambitionnent rien d'autre que de tenir à peu près correctement à cheval pour pouvoir faire des balades ou s'offrir des moments de détente (ce qui est le choix tout à fait respectable fait par un très grand nombre de pratiquants), alors la remarque de Marit n'a rien de choquant à mes yeux.
Si le terme "loisir" se voulait synonyme d'amateurisme (au sens propre et noble du terme), comme semblent l'avoir compris France et Piotr, alors cette position serait plus discutable ; il y a parmi les amateurs, dans les arts comme dans les sports, des gens dont la discipline et le talent n'ont rien à envier à nombre de professionnels.
Ils me semblent que les amateurs passionnés sont des maillons indispensables de cette transmission des savoirs. Ils apportent dans bien des domaines une ouverture et une disponibilité d'esprit qui manquent à des milieux professionnels dont la propension à s'encroûter dans les habitudes n'est pas nouvelle. Ils sont aussi souvent le premier soutien des rares professionnels qui osent explorer de nouvelles voies ou formuler des exigences de qualité. Pour rester dans l'équitation, pensez à l'accueil fait par nombre de professionnels au travail de Nuno Oliveira !
S'il y a défaillance de la transmission des savoirs, ne serait-ce pas plutôt du côté de la formation des professionnels (et de leurs conditions de travail) qu'il faudrait chercher la "faille" ?
Message édité par: Olivier S, à: 2009/04/25 15:48