Réponse à JP
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JP me disait dans le post 'Catherine HENRIQUET" (post qui a été verrouillé) :
"Baucher était en avance sur son temps... C'est vrai, Jacques... Ce qui est dommage, c'est que vous et tout les pseudo Baucheristes, vous en soyez resté en 1891... Ce qui vous fait prendre beaucoup de retard !
Vous vous targuez d'être Bauchériste, mais vous trahissez en permanence le Maître par votre immobilisme ! Lui était un pécursseur, un inovateur, donc un chercheur ! Il n'a jamais hésité à remettre en cause le lendemain ce qu'il affirmait comme vérité la veille ! Il était en perpétuel mouvement en avant. Et vous, vous l'avez trahi en l'arrêtant !
Il est certain que Baucher vivant 15 ans de plus aurait progressé, amélioré sa seconde méthode, oté des choses, ajouté d'autres, peut-être même passé à une troisième... Avec lui, il fallait s'attendre à tout !
Vous trahissez en permance la philosophie du Maître en vous arrêtant, en l'arrêtant à 1891 ! L'imposteur, ce n'est pas Baucher ! Mais, je m'amuse beaucoup à vous lire, et rien que pour cela, je vous remercie !
Ce qui est dommage, c'est que vous arrivez à donner une telle image de Baucher que vous en provoquez le rejet chez beaucoup..."
Je vous laisse avec votre agressivité et vous répond très courtoisement :
S’il est vrai que BAUCHER a évolué dans sa pratique, il n’a jamais remis en cause sa philosophie qui peut être résumé de la manière suivante : la position (la posture dit-on maintenant) précède le mouvement.
Pour cela il s’est toujours livré à une « reconstruction posturale » en place puis très progressivement en mouvement au moyen de l’assouplissement de la mâchoire et de l’encolure puis des hanches et du rein.
Seule la progressivité de cette reconstruction posturale à évoluer au fil du temps.
Pour résumer, au début (ce qu’on appelle la 1 ère manière) il cherchait immédiatement la mise en main (sur une encolure relevée et non basse) sur l’effet d’ensemble.
Conscient que cette pratique était particulièrement difficile, il a ensuite proposé une progression plus à la portée du cavalier moyen que je suis :
-d’abord le relèvement de la grande encolure (mains sans jambes, jambes sans mains)
-puis, une foi ce relèvement acquis, la mise en main est toujours obtenu par les jambes.
Contrairement à ce que pensent des Bauchéristes modernes (RACINET, FRANCHET D’ESPEREY), l’effet d’ensemble a toujours été au cœur de sa méthode et l’on ne peut résumer la Méthode au principe « jambes sans main, main sans jambes ».
On oublie souvent que FAVEROT précisera « Le principe « jambes sans main, main sans jambes » doit être appliqué le plus qu'on le peut, surtout dans les commencements ; mais il n'a rien d'absolu. Il ne faut donc pas l'ériger en système hors duquel il n'y aurait qu'insuccès assuré. On doit se borner à le mettre en pratique tant qu'il n'y a pas de raison sérieuse de s'en écarter, mais il vient un moment dans le dressage et plus tard dans le maniement du cheval dressé, où il y a lieu au contraire d'unir l'effet des aides inférieures à celui des aides supérieures. »
(Vous trouverez toutes ces explications, tirées de l’analyse des livres de Baucher et de ses élèves, dont notamment RAABE, GUERIN, WATCHER, RUL, et de ses discussions avec BACCARAH dans les Trois tomes de l’ « Histoire de l’Ecole Française » de D.OLLIVIER, meme si je sais que par idéologie et idolatrie pour votre maitre vous ne lirez jamais OLLIVIER)
Bonjour,
je passe assez rarement ici mais quand je fais la curieuse, il m'arrive comme aujourd'hui de voir des commentaires qui méritent le temps d'une intervention.
Comme Jacques cite ici Racinet et que dans tout ca il n'est pas toujours facile de s'y retouver, une notice de quelqu'un qui a partager directement avec lui peut parfois aider à recibler les pensées.
Voici le bout de texte qui m'interpelle:
"-d’abord le relèvement de la grande encolure (mains sans jambes, jambes sans mains)
-puis, une foi ce relèvement acquis, la mise en main est toujours obtenu par les jambes.
Contrairement à ce que pensent des Bauchéristes modernes (RACINET, FRANCHET D’ESPEREY), l’effet d’ensemble a toujours été au cœur de sa méthode et l’on ne peut résumer la Méthode au principe « jambes sans main, main sans jambes ». "
JC Racinet disait ceci, et donc cela ne contredit pas vraiment ce que Jacques nous dit ici: La mise en main s'obtient 1) en ayant la nuque du cheval comme point le plus haut, 2) lorsqu'elle se ploie ( chanfrin un peu en avant de la verticale) et 3) lorsqu'elle se décontracte grâce à la flexion de mâchoire. MAIS, que se passe t'il à ce moment là? Et bien il ne se passe RIEN.
Seul au moment ou ou demanderez le mouvement avant, avec un très leger effet de jambes, les hanches du cheval basculeront en antéroversion ( pointe de la fesse vers le bas et l'avant) et le cheval conservera cela en plus de l'élévation du garrot pendant ce mouvement avant.
Et si un jour l'assiette ou la pensée ou les deux suffisent, comme une sorte d'"assiette pensante" (-là ce sont mes mots) pour obtenir aussitôt le mouvement avant dans l'attitude précitée, et bien les jambes seront peut être moins nécessaires. Et cela dépendra en plus de ce que l'on voudra obtenir du cheval à ce moment là. Donc, oui, et Beudant le précisait aussi, la combinaison des aides -main et jambes- fait partie un jour de l'art, mais, ce que réprouvait Racinet en tous cas, c'est l'utilisation de ces deux aides à la même seconde. Cet effet d'ensemble là ne faisait pas partie des choses qu'il enseignait quand je l'ai connu.
En conclusion, je dirait que Racinet enseignait l'obtention de la mise en main avec ...la main, et subventionnée bien sûr par l'assiette. Son utilisation par contre se réalise grâce à une action de jambe et dans les principes de la légèreté (donc suivit immédiatement de la descente de jambe).
Bonne journée à tous.
Pascale
Merci Pascale pour ces précisions.
J'en profite pour tempérer mon propos :
-au début la mise en main est demandée sur la pression progressive des jambes (mollets) aux sangles (les mains faisant évidemment opposition pour que le cheval n'éloigne pas son bout du nez de son corps; "le cavalier fixe la main sans pour cela tirer à lui. Il oppose ainsi une barrière qui doit empêcher d'aller au delà, mais ne ramène pas en deçà." RAABE) et si cela ne suffit pas (au début cela ne suffit pas en effet) l'éperon arrive selon une sage progressivité : toucher de l'éperon, puis pincer délicat de l'éperon et si cela ne suffit toujours pas, petites attaques de l'éperon (dans toutes ces actions, les jambes agissent juste derrière la sangle c'est à dire un peu en avant de la position des jambes tombant normalement).
- puis il arrive un moment ou la seule demi tension des renes suffit à obtenir la mise en main : le cheval en effet, sachant ce qui va arriver s'il n'obéit pas, s'empresse de donner la mise en main (cession de nuque sur une encolure relevée, cession de machoire) afin d'éviter à subir, ce qui est désagréable pour lui, les jambes ou les éperons. " l'attention continuelle qu'apporte le cheval à céder pour éviter l'éperon, fait que le cavalier n'a plus besoin de s'en servir, et qu'il peut réellement monter avec les jambes libres et tombant naturellement" (WACHTER p27)
C'est du moins ce que m'a fait travailler D.OLLIVIER et j'ai été très surpris du résultat car jusqu'ici je ne concevais pas que les jambes puissent avoir ce pouvoir. Cependant je n'en suis pas encore à obtenir la mise en main avec la seule demi tension des renes : je dois encore utiliser la pression modérée des mollets pour y parvenir.
au moins vous avez senti une chose , c'est qu'un mouvement juste chez le cheval se fait obligatoirement avec la flexion costale qui doit y etre associée , c'est pour cela qu'avec la flexion costale en effet , on peut sentir qu'une position qui precede le mouvement donne des résultats ..
maintenant vous devriez vous interroger si , chez Baucher , les moyens d'obtenir la flexion costale sont ethiquements corrects et adaptés à cette noble créature , affectivement proche de l'homme et par avance confiante envers la justice de ses moyens , qu'est le cheval ...
et si le résultat fait science , et ne détourne pas d'une étude approfondie de la chose equestre ? ....
Upwelling a ecrit" "au moins vous avez senti une chose, c'est qu'un mouvement juste chez le cheval se fait obligatoirement avec la flexion costale qui doit y etre associée, c'est pour cela qu'avec la flexion costale en effet , on peut sentir qu'une position qui precede le mouvement donne des résultats ...
Maintenant vous devriez vous interroger si , chez Baucher , les moyens d'obtenir la flexion costale sont ethiquements corrects et adaptés à cette noble créature, affectivement proche de l'homme et par avance confiante envers la justice de ses moyens , qu'est le cheval ... et si le résultat fait science , et ne détourne pas d'une étude approfondie de la chose equestre? .... " fin de citation.
...
D'admettre que la flexion du dos cree une posture qui aide le dressage nous trouve reconnaissants de votre bonte. De questionner l'ethique de l'emploi des jambes et des eperons comme influenceurs de la cage thoracique me laisse par contre eberlue. Qu'est ce que vous comprennez de la flexion dorsale? (vraie question dont j'aimerais lire une reponse serieuse). Et comment proposez vous de la produire, en particulier "par des moyens justes pour la noble creature qui nous fait confiance"? En anglais, on appelle cette attitude (faussement) morale : "holier than thou", c'est a dire "plus saint que toi". Dans notre profession, c'est en general base sur une absurdite technique que les chevaux ne comprennent pas et un desir profond de faire honte a votre interlocuteur pour le fait qu'il pratique quelque chose qui, en fait, vous echappe completelement. Si vous pensez que le "resultat fait science", comment peut il que ca soit faux ou mauvais? Je m'interoge.....
Bon, assez de psychoanalyse bon marche, parlons de la flexion dorsale. De mes propres etudes sur beaucoup de chevaux vivants (je dis ca parce que j'ai entendu souvent des gens tres savants parler savamment de la flexion dorsale qu'ils n'avaient pas su observer sur les cadavres qu'ils avaient disseques), j'ai vu que la flexion etait bien la jusqu'a 20 degree d'arc (quand le cheval accepte de la montrer). Elle se produit dans les vertebres dorsales 15 a 18 (en gros). Fait important, elle est accompagnee d'un rotation axiale du thorax (axe vertical du sternum au garrot). Cette rotation peut se produire:
1/ avec le garrot penche vers l'exterieur quand le dos monte un peu a l'interieur de la courbe (cote concave du pli donc, mais qui ne correspond pas vraiment a une forme concave des cotes, plutot un epaississement qui siyleve un peu la jambe interieure), cheval "rond", etc.,
2/ ou a l'inverse avec le garrot penche a l'interieur (donc le dos baisse a l'interieur, cheval "creux", avec le ventre pousse a l'exterieur).
Chacune des 2 versions sont produites par beaucoup de cavaliers qui croient dur comme fer que leur version est la bonne (Cornille croit en la version 2 par example).
J'ai toujours trouve (a l'instar de Giniaux) que la premiere version est la bonne car c'est celle que les chevaux prennent d'eux memes quand on les laisse tranquilles. Cette version souleve la fesse interieure du cavalier. Il/elle est donc assis passivement a l'interieur du pli. Pour que ca se produise, il faut baisser un peu l'etrier exterieur et se laisser porter par le cheval sans "l'aggresser" avec le poids a l'interieur. Tous les cavaliers qui regardent une photo de galop dans laquelle la jambe interieure apparait plus avancee et plus levee que l'autre, comprennent ca a l'evidence. De plus, les cavaliers qui ont fait des changements de pied (ca devient encore plus evident si ils ont fait des changements au temps) sont toujours assis a l'exterieur du pli (mais souleve par le cote interieur du pli) parce que c'est impossible de faire des changements au temps avec un cheval creux (a moins d'etre un genie de la torture biomecanique) et de s'assoir activement a l'interieur (avec la jambe interieure poussee vers le bas).
Si on comprend ca et on laisse le cheval porter le cavalier comme il a besoin de le faire pour son comfort, on baisse l'etrier exterieur dans le cercle, l'epaule en dedans et l'appuyer, le cheval porte le cavalier a l'interieur quand il devient assez fort dand le dos. La difference entre les 3 mouvements est determinee par l'action de l'assiette (le bassin bougeant horizontalement dans la direction ou on veut aller).
Le moyen le plus sur de creer ce pli du dos est d'addresser la rotation axiale parce que cette rotation est intrinseque a la flexion laterale du dos correcte: on ne peut pas avoir l'un sans l'autre. Par contre, si on demande la flexion laterale a la mode classique (qui parait si logique "sur le papier" mais ne reconnait pas la realite anatomique du cheval) en placant la jambe interieure a la sangle, la jambe exterieure en arriere, le poids a l'interieur de l'assiette, on a une bonne chance d'obtenir une flexion laterale avec une rotation axiale inversee et un dos creux dans laquelle le cheval se defendra toujours jusqu'a ce qu'il se resigne au pire.
Parce que cette flexion est anti-naturelle, le conseil souvent donne de chercher a avoir un cheval qui relache la rene interieure (et prend le contact a l'exterieur) tout en restant plie, ne fonctionne pratiquement jamais. Tout le monde passe des annees a e....der les chevaux pour leur faire prendre un pli qui est contraire a la nature et ils poussent un soupir de soulagement quand on leur donne les aides correctes.
Dans le pli a gauche par example, le garrot va a droite (donc l'assiette et la selle doivent aller un peu a droite et le sternum va un peu a gauche, le cote droit des cotes s'applatit). Si on plaque un peu la jambe droite (exterieure) et on presse le talon ou l'eperon pres des angles le plus bas possible, on obtient le resultat desire: le garrot va a l'exterieur, le sternum vient a l'interieur, la rotation est etablie et le pli vient d'emblee. Quand c'est fait (n'importe quel cheval comprend ca en 20 secondes), vous avez un pli sans l'aide de la rene interieure, le contact est sur la rene exterieure parce qu'il a avance le nez a l'interieur du pli. Le cheval a le dos remonte, l'encolure s'arrondit et le cheval tombe dans la main comme une pomme mure. Le cheval devient vertical dans ses membres (d'aplomb) et en plus il dit merci. Le pli est independant de la direction (comme deja explique) et celle ci est assuree par l'assiette sans effort, juste un peu de pratique et de repetition sans pression. Un cheval qui apprend ca ne souffrira jamais dans ces membres quel que soit son age (de 2 ans a 30 ans) parce que etre d'aplomb est la regle ideale de la nature (la loi de la gravite est dure mais cest la loi : tous les mammiferes essayent d'etre verticaux du mieux qu'ils peuvent)
Les anciens avaient une idee instinctive de cela quand ils parlent "d'avoir le cheval dans la balance des talons" sans en comprendre vraiment toutes les consequences. Baucher a eu le genie de comprendre que la relaxation du bout de devant resultait d'un effet diagonal (la jambe/eperon gauche pres des sangles cree la relaxation sur la rene droite et vice versa). Cet effet diagonal, quand on utilise la jambe exterieure vien pres des sangles et pas en arriere, fonctionne a toutes les allures. La flexion laterale obtenue par un effet lateral (eperon gauche et rene gauche - la main pres de l'encolure ou bloquee sur le genou - pour forcer le pli a gauche) est ce que Oliveira appelle "la rene/jambe de domination" utilisee pour les chevsux qui inssute a inverser leur pli dans un coin ou au galop par example. La Gueriniere l'utilisait pour etre assure que le cheval entrait dans le coin du manege (et "pliait ses cotes"). Ca a sa propre raison d'etre, mais ca ne donne pas un pli anatomiquement/mecaniquement correct. Chaque chose en son temps.
L'idee de l'education a l'eperon commencee par Baucher, expliquee par Raabe et Faverot (et que vous avez la curieuse idee de questioner sur un plan "ethique" qui n'appartient qu'a vous) fait partie du genie equestre de tous les ages dont nous devrions tous profiter. Ils ont etes les premiers a comprendre le bien qu'on pouvait retirer de l'usage rationel et progressif de l'eperon et ses benefices pour le cheval monte (l'aplomb, l'equilibre, la relaxation, le pli, la mise en main, la cadence, le calme, le controle) alors que jusqu'a eux, l'eperon (acere) n'etait qu'une menace ou une punition.
J'ai encore simplifie l'education a l'effet d'ensemble pour tous les chevaux (jeunes ou non) en commencant avec une seule jambe equipee d'un eperon a grosse boule qui roule: pousser le cheval vers la droite avec la jambe gauche (au pas), arreter le cheval avec la jambe droite et la rene droite bien immobile. Maintenir le contact avec les 2 jambes plaquees mais molles, partir en avant avec les 2 jambes, relacher les 2 jambes immediatement. Recommencer de l'autre cote. Ca permet de voir si le cheval repond aux aides des 2 cotes de la meme maniere, tant dans les departs que dans les arrets et c'est beaucoup moins contraignant que de commencer par l'effet d'ensemble en droite ligne ou les defaults de symmetrie sont aussi moins apparents (et restent souvent non-resolus). On fait ca au trot et au galop ensuite et on peut appuyer, arreter l'appuyer, recommencer l'appuyer, avancer, reculer, rester immobile, etc.
Le cheval devient obeissant aux aides sans qu'on affecte directement son esprit qui peut garder son independance et son caractere unique. Comme l'equilibre est le resultat pratique de ce travail, qui est une recompense intrinseque, tout le monde y trouve son compte: cheval reassure par son equilibre (re)decouvert, cavalier a l'abri du danger des incartades equines.
Le principe de l'education a l'eperon (jambes et talons nus, puis eperons a "poupees", puis eperons ronds, puis molletes douces) correspond au principe de l'Endotapping: resistance (aussi minimisee que possible) d'abord, puis habituation sans reponse apparente, puis relaxation (flexion de machoire, nuque et encolure, salivation, jeu des mors, respiration profonde), puis reponse par le mouvement en avant ou en elevation, mais relaxe. Le connundrum du dressage c'est la relaxation alerte et le mouvement relaxe. Mes chevaux sont deja loin dans la relaxation grace a l'Endotapping, mais le travail a l'eperon en est sa continuation sous la selle (les "petites attaques" des mollets puis de l'eperon de Baucher sont du tapping avant la date, car elles visaient a augmenter la relaxation si la pression de l'eperon s'etait montree insuffisante)
Une fois que tout ce travail a ete fait, on s'apercoit que c'est les epaules qu'il faut faire avancer (une fois que les anterieurs sont bien d'aplomb sous la masse et que l'assymmetrie innee a etee reduite au minimum) et que les posterieurs suivent toujours avec empressement (du moment que l'impulsion de base a etee creee a la longe puis avec la cravache a pied et sous la selle - sans les jambes qui contractent trop au depart). Tout ce travail qui nous donne le vrai progres du cheval avec le moins d'efforts possibles du cavalier ou du cheval est base sur la manipulation du torse de la monture par les "eperons relaxants" et "l'assiette impulsive" (le cheval apprend a suivre les mouvements de l'assiette qui produisent l'allure, le tempo, la direction). C'est que j'appelle "monter le cheval par son centre" au lieu de le comprimer par les 2 bouts. C'est la maniere d'atteindre la descente des aides dans toutes les allures, aussi vives soient-elles, parce que, une fois que le cheval est d'aplomb sur ses anterieurs et qu'il a la possibilite de plier sa colonne par le moyen de la rotation axiale du tronc "a volonte", il est en equilibre et relaxe dans son encolure (qui ne lui sert plus de balancier "de secours" et est remplace par la voussure souple du rein et le rebond des anterieurs).
Cette methode est beaucoup plus facile que les demi-arrets incessants, l'elevation d'encolure qui renverse et contracte le dos, l'encapuchonnement a outrance qui bloque eventuellement les anterieurs et souleve la croupe (bien que toutes ces techniques est leur place occasionelles dans le dressage, mais a dose homeopathiques si possible). Toutes ces solutions "historiques" provenaient du fait que la fonction du tronc et de la colonne (souvent restreinte par des selles qui limitaient la flexibilite dorsale, donc la rendait "invisible" au cavalier), ainsi que les possibilites de l'assiette qui ne sont pratiquement jamais mentionnees en detail dans les traites si ce n'est pour ses qualites generales, n'avaient pas etees explorees jusqu'a tres recemment. Ceci est d'ailleurs une des raisons principales de l'echec des cavaliers qui tentent d'apprendre l'equitation de Beudant ou Faverot adans un livre qui ne mentionne jaqmais ce que ces excerllents cavaliers faisaient avec leur assiette sans y penser, donc sans savoir l'expliquer d'une facon pratique. Oliveira a ete un des premiers a differencier les effets de l'assiette, du dos, des jambes. La main a etee racontee en detail depuis La Gueriniere, les jambes et les eperons depuis Baucher, mais l'assiette attend encore, sauf pour les allemands qui ne parlent que de forcer avec le dos depuis Museler.
Quand on voit un tres etalon doue etre longe, on s'apercoit qu'il s'amuse avec son encolure, la plie a gauche et a droite jusqu'a 90 degres comme il lui plait, l'eleve et la baisse jusqu'au sol, et tout cela dans que l'equilibre ou la cadence de son trot ou son galop soient affectes le moins du monde. Si la cadence, l'equilibre et la direction restent les memes qu'elle que soit la position de l'encolure, la notion de "l'encolure comme balancier du cheval" apparait comme un mythe pour le cheval de qualite, que ce soit de naissance ou par le dressage correct. De fait, l'elevation ou l'abaissement de l'encolure, ou meme sa simple stabilite par les renes fixes, supprime l'effet de balancier. Il est vrai que si le cheval est mal equilibre et a un dos defectueux qui ne peut pas l'aider a se re-equilibrer dans les moments difficiles, les epaules deviennent rigides et l'encolure le "rattrape" avant qu'il ne tombe, mais ce n'est pas ce qu'in chercje dans un cheval de selle, surtout de dressage qui doit se servir de ses epaules pour la cadence et l'equilibre, de ses posterieurs pour la mobilite et du dos pour tout le reste. Le bon cheval (celui qui joue avec son encolure) represente le modele que nous cherchons a imiter par les effets du dressage bien pense.
J'ai un poulain isabelle comme ca (que Bernard Maurel a eu la chance de voir et d'admirer lors de sa visite) et il peut faire beaucoup de choses comme un cheval dresse, avec seulement 2 mois de travail occasionel (2/3 fois la semaine pour 20 minutes, sans meme un mors pour l'instant). C'est parce qu'il est tres bien "lie" dans son rein et est naturellement d'aplomb sans aucun dressage. "Il n'a besoin que d'un mors et d'etre pousse dessus" comme disait Baucher. Ce qu'un tel cheval nous montre est que la relaxation des epaules, la liberte du garrot de venir a droite et a gauche dans les flexions laterales de sorte que le tronc se plie facilement, est le but a rechercher immediatement dans n'importe quel dressage. Nous decouvrons de nouveaux moyens de jour en jour de developer cette possibilite physique qui libere le cheval de ses contractions innees en les travaillant a leur source. Raabe nous avait bien mis en chemin et nous devons continuer sur cette idea jusqu'ou elle nous menerat.
"L'etude approfondie de la chose equestre" commence par l'etude approfondie de l'hippologie, telle qu'elle evolue tous les jours. Bourgelat etait un genie de son temps, et Baucher du sien, mais nous avons fait quelques progres depuis concernant la mecanique et le comportement du cheval et il lui est utile que nous fassions un effort intelectuel honnete pour comprendre les implications pratiques de ces progres de la recherche et de l'observation empirique. Comme je l'ai deja dit, les portes du passe et celles du futur doivent rester ouvertes dans notre esprit sans etre jamais mutuellement exclusives, mais les idees du passe doivent etres revues avec un oeil critique. Nous devons comprendre que les buts des auteurs classiques peuvent etre accomodes (un peu) a nos conditions et a nos chevaux modernes et que leur moyens techniques etaient ce qu'il y avait de mieux alors, mais pas forcemment aujourd'hui.
Ne restont pas mentalement immobiles ou critiques a l'exces. Ce qui compte c'est les resultats, et si ils sont corrects, si l'education du cheval est racourcie, il nous en sera toujours gre parce qu'il attendra la zone de comfort (lisez "equilibre" physique, donc mental et emotionel) plus tot et avec moins de peine. Ce n'est pas les eperons bien employes, ni un coup de cravache quand c'est necessaire, qui ennuient un cheval, ni les bonnes intentions (dont il se contrefout) qui le rassure, c'est d'etre mis en equilibre le plus vite possible par n'importe quel moyen efficace (le plus rapide est le meilleur, c'est a dire celui qui addresse l'equilibre immediatement par la relaxation et le mouvement optimise). Le cheval a besoin de perdre la peur de tomber qui cree l'anxiete la plus intense chez tous les etres, mais en particulier chez une proie potentielle qui connait le risque atavique d'etre devoree apres une mauvaise chute. Meme un desequilibre mineur est suffisant pour affecter la respiration du cheval et la tension du dos, ainsi que la sante de ses articulations.
Je travaille depuis 15 jours un grand pur-sang (170cm) qui est arrive boiteux, nerveux, avec peu d'appetit, un galop a droite inexistant (juste un charge raide et assez effrayante). Par le travail du dos en main et des epaules a la longe, tout ca a disparu: la boiterie, le manque d'appetit, la nervosite incessante de la bouche, la raideur du posterieur droit. Il a finalement l'air d'etre montable. La phase suivante impliquerat l'education aux eperons le plus vite possible pour lui permettre de conserver son nouveau equilibre.
Voila ce que j'en pense. JPG
A toute fin utile, rappel bibliographique:
"Les chevaux m'ont dit" du docteur Dominique Giniaux.
"Vers une équitation totale" de Jean-Claude Racinet.
Merci, JP, pour cet enrichissant développement.
Je retiens les idées clé: "Equitation par le centre" et (je traduits dans mes termes), "La rotation axiale utile du corsage dans l'idée générale de l'incurvation".
Encore merci de nous aider à prendre de la hauteur et de dire les choses avec autant de simplicité. Je vous cite encore (en substance):
"Ce qui contracte le cheval, c'est la peur de se casser la gueule. Et pour une proie qui n'a que la fuite pour salut..." Simple et efficace.
Christopher
Christopher, you are always welcome (we got a cup of tea for you here any day)
JP
Monsieur Voche,
votre resume des idees de Baucher est tres interessant et je n’ecris pas pour le critiquer en aucun point, mais pour ouvrir la porte a une discussion constructive de Baucher (que j’admire et respecte mais dont je trouve certaines idees peu pratiques). Voici quelques idees sur la question que je serais heureux de discuter sans acrimonie.
VOCHE a ecrit: “S’il est vrai que BAUCHER a évolué dans sa pratique, il n’a jamais remis en cause sa philosophie qui peut être résumée de la manière suivante : la position (la posture dit-on maintenant) précède le mouvement.
JP: C’est bien son idée en effet, et les allemands (Steinbrecht en particulier) ont choisi l’inverse. On en a fait tout un debat, mais je pense que c’est un faux debat.
Il y a des cas ou il est indispensable avec des chevaux tres mal faits de leur arranger un peu la posture (surtout pour des besoins d’equilibre) en les relaxant avant de les faire marcher. Il y en a beaucoup d’autres qui ont un equilibre bien suffisant et il est prioritaire de les faire marcher en avant pour obtenir leur bonne volonte et laisser le mouvement lui-meme les mettre dans une meilleure posture petit a petit. J’ai toujours trouve que l’equilibre a l’arret avait *un peu* d’effet sur l’equilibre en mouvement et que c’est un bon moyen d’introduire l’idee du contact par example. C’est surtout pour moi le moyen d’obtenir la relaxation generale.
En fait, d’un allure a l’autre, il y a un grand pas en ce qui concerne la relaxation specifique car des muscles differents entrent en jeu (ou plutot des “logiciels musculaires” differents). Leur organisation est determinee par – entre autres choses – l’activite des “cellules en fuseau”). La relaxation generale fonctionne bien a toutes les allures, mais sa corollaire de base (l’impulsion) doit etre developee des le depart du dressage. Je suis en train de lire Faverot, et si je comprend bien, il fait tout le travail a pied, puis il monte le cheval avec une bride complete des le premier jour, au pas, puis petit trot, effet de l’eperon etc. Je me vois assez mal faire ca sur mes poulains sans que quelqu’un tombe ou que le cheval devienne retif complet. C’est toute cette partie du travail initial que je trouve tres mal vue par la tradition baucheriste. C’est la ou l’idee classique de l’impulsion (longer etc.) devient primordiale, meme si elle est revue et corrigee a la lumiere de nos connaissances modernes.
En fait, le travail a la longe bien fait (avec ou sans les enrenements adequats, d’apres les besoins de chaque cheval) cree la posture petit a petit et en tres peu de temps: l’energie produite par le dresseur (chambriere et appel de langue) cree (en ordre general, mais pas toujours guaranti):
1/ la vitesse adequate (le cheval avance suffisamment sans perdre son equilibre de base) et demontre son desir d’avancer en reponse a des demandes de plus en plus discretes,
2/ la direction du cheval (il passe de la forme elliptique a un cercle rond et il ne se prepicite plus vers la porte du manege). Il fait un cercle egal a gauche et a droite (ne tombe pas a l’exterieur dans le cercle a gauche ou a l’interieur dans le cercle a droite),
3/ la relaxation de la ligne du dessus. Le cheval baisse la tete, leve le dos, se relaxe en general et commence a se cadencer un peu.
4/ l’incurvation laterale. Le cheval devient d’aplomb car il se plie dans son dos. Certains chevaux se plient d’abord, d’autres s’arrondissent en premier, mais ils ne font jamais les 2 en meme tenps la premiere fois. Apres un temps de travail, ils arrivent a s’arrondir et s’incurver en meme temps.
5/ la cadence. Quand le cheval est en avant, d’aplomd et symmetrique, il tend a se cadencer de lui meme car ses epaules fonctionnent comme elles le doivent: sur 2 axes verticaux (de gauche a droite et d’avant en arriere). Elles peuvent donc rebondir un peu plus et ralentir leur movement (plus de suspension et d’action)
6/ l’allongement. Quand tout ca est faut les chevaux sont capable d’allonger le trot sur un bout de ligne droite en sortant du cercle. C’est le debut de “l’expression des allures” comme on dit aujourd’hui (ce que nous appelions le “brilliant”).
On peut ajouter a tout ca l’habituation aux contact d’objets (sacs en papier dans les etriers, bouteilles en plastique pendues a la selle, etc.) afin que le cheval perde sa peur.
Concernant l’ordre des choses, si un cheval ne veut absolument pas tourner a gauche par example, “la vitesse adequate” ne peut pas etre obtenue sans la direction, qui est elle obtenue par une combinaison de dressage (conditionement au “tourner” par la recompense) et de relaxation en movement (au pas). Donc “ca depend”.
Quand ce travail est fini, l’appel de langue donne tout ce qui a ete “construit” dans le cheval, en accord avec les signaux de la longe et du language corporel du dresseur. Le cheval s’arrondit, se cadence, etc. des qu’on “click” car c’est l’aide la plus generale et la moins contractante du systeme musculaire.
Si je fais l’Endotapping avant la longe, c’est “la relaxation (donc la posture) avant le mouvement” (le tapping donne la relaxation de la machoire guarantie, avec ou sans mors et dans n’importe quelle position, mais generalement avec la tete baissee). Si je longe avant la relaxation (necessaire a mon avis pour etablir l’ordre social avec le cheval), c’est “le mouvement avant la relaxation”.
Personne n’a tort, personne n’a raison: le cheval decide ce qu’on doit faire.
Voche: “Pour résumer, au début (ce qu’on appelle la 1 ère manière) il cherchait immédiatement la mise en main (sur une encolure relevée et non basse) sur l’effet d’ensemble.”
JP: c’etait en fait precede par la creation du reflexe de reponse a la cravache en avancant (sur lequel Decarpentry insiste et nous previent), et est obtenu tres progressivement par toutes les formes de flexions des machoires, encolure, nuque, hanches, epaules, rein, et toujours avec l’usage de la cravache qui annonce la systematization que j’en ai fait avec l’Endotapping (meme idée generale). Quand il se met en selle, Raabe (qui a une meilleure “premiere maniere” que son maitre, simplement parce qu’il a plus de temps de la pratiquer), commence par une education diagonale des eperons et refait avec les eperons tout ce qu’il a fait a la cravache. Il mentionne la “l’effet d’ensemble” comme une generalite pour toutes les actions diversifiees des eperons, plutot que comme la technique simple a laquelle on fait reference aujourd’hui. Cela vient plus tard, plus comme un moyen de domination que comme la technique de la mise en main qui est construite progressivement. Je suis cette progression après que le cheval soit bien en avant a la longe et sous la selle sans eperons (avec la cravache/Endostick), mais l’Endotapping a pied est beaucoup plus acceptable par le cheval car il n’y a pas de douleur ou d’enervement et la relaxation generale du cheval a l’arret et au pas remplace avantageusement la majorite des flexions d’origine, sauf en cas de raideur particuliere (d’ailleurs, Beudant s’en etait plus ou moins debarasse, comme il le dit dans Vallerine).
Voche: "Conscient que cette pratique était particulièrement difficile, il a ensuite proposé une progression plus à la portée du cavalier moyen que je suis :
-d’abord le relèvement de la grande encolure (mains sans jambes, jambes sans mains)
-puis, une foi ce relèvement acquis, la mise en main est toujours obtenu par les jambes."
JP: c’est la que nous nous separerons sur le principe. Le relevement de l’encolure par les bras peut etre utile avec un cheval qui a un tres mauvais equilibre et tombe sur le nez, particulierement si on fait reculer le cheval quelques pas la tete tres haute, SANS CAVALIER ET POUR TRES PEU DE TEMPS. Mais comme systeme general, je n’arrive pas a voir l’interet de la chose. Mon ami Jose Manuel Correia Lopes est un baucheriste 2eme Maniere tres habile (il dresse des chevaux de tauromachie pour tous les professionels), mais ses chevaux avance des le debut du travail. Il a essaye de me convaincre depuis des annees et j’attends d’aller au Portugal le voir faire sur SES chevaux avant de prendre ce risque avec les miens J)
Je trouve que l’abaissement de la tete, mais avec la base de l’encolure soutenue (encolure arquee) resoud bien tous les problemes et, quand je vois un cheval particulierement contracte dans ses epaules, j’imagne mal comment l’elevation resoudra le probleme sans un haut degre d’incomfort pour le cheval.
Si vous voulez voir des chevaux avec l’encolure elevee (“rempilee sur les epaules” comme vous avez dit une fois), venez au Kentucky: il y en a partout ici
http://www.horsemanmagazine.com/2008/08/american-saddlebred-horse/
http://www.meritage-farms.com/saddlebreds.html
L’encolure est complement relevee, la nuque le point le plus haut, le nez en avant de la verticale, le contact leger (sur une bride double avec un mors serieux), le geste tres eleve - devant et derriere. Le seul probleme, c’est que les cavaliers ne trottent qu’enleve (dans un style aerienJ) car c’est impossible de s’asseoir dessus. Les dos sont toujours creux (par dessein) et l’elevage favorise les dos mous et memes les lordoses accentuees. Ces chevaux ont des tempos rapides crees par des ferrures trop lourdes et des combines de dressage que vous n’imaginerez meme pas, mais la position est ce qu’elle est.
C’est pour ca que la 2eme Maniere utilisait le “ramener outré” comme compensation uncontournable a l’elevation de l’encolure. Quand on place le cheval dans l’encapuchonnement profond, la base de l’encolure est soulevee (C6, C7) et quand on ajoute le reculer, on souleve les epaules en rotation accentuee, ce qui souleve le dos en consequence et ca “repare” les degats potentiels de l’elevation force. Cette rotation de l’anterieur vers l’arriere est une manipulation chiropractique standard qui sert a debloquer les dorsales sous l'emplacement de la selle. Donc le conseil de Faverot de pratiquer les reculers suivis de departs aux 3 allures, les appuyers et le piaffer en ramener outré etait bien une necessite biomecanique qu’ils (Baucher, Faverot, Beudant) avaient tous compris comme etant indispensable pour “fixer la position” d’une facon definitive et sans creuser le dos.
Toutes les versions edulcorees du Baucherisme qui pretendent ignorer le ramener outre sont du pipeau (ou de la flute, si vous voulez faire eduque J). Donc on eleve (moderement et progressivement, comme suggerait Decarpentry) et on abaisse ensuite (moderement pour soulever le dos de l’avant sans mettre le cheval la croupe en l’air comme font les genies hollandais), ou on fait autre chose.
L’approche classique basee sur l’impulsion (effet general), amelioree dans le “demi-gros” par les flexions baucheristes Premiere Maniere (effets partiels) et ajustees dans le detail du fonctionement musculaire par l’Endotapping cible sur les muscles en action durant les phases distinctes du movement (effets locaux), donnent ensemble des resultats excellent parce que on peu aller de l’une a l’autre de ces methodes comme on en a besoin, 2 pas en avant, un pas en arriere. Au bout du compte, le resultat du dressage est “general”: un cheval uni au cavalier se deplacant dans des allures regulieres en descente des aides est “un seul etre vivant” et toutes les manipulations de detail sont oubliees.
Voche: “Contrairement à ce que pensent des Bauchéristes modernes (RACINET, FRANCHET D’ESPEREY), l’effet d’ensemble a toujours été au cœur de sa méthode et l’on ne peut résumer la Méthode au principe « jambes sans main, main sans jambes ».
On oublie souvent que FAVEROT précisera « Le principe « jambes sans main, main sans jambes » doit être appliqué le plus qu'on le peut, surtout dans les commencements ; mais il n'a rien d'absolu. Il ne faut donc pas l'ériger en système hors duquel il n'y aurait qu'insuccès assuré. On doit se borner à le mettre en pratique tant qu'il n'y a pas de raison sérieuse de s'en écarter, mais il vient un moment dans le dressage et plus tard dans le maniement du cheval dressé, où il y a lieu au contraire d'unir l'effet des aides inférieures à celui des aides supérieures. »
(Vous trouverez toutes ces explications, tirées de l’analyse des livres de Baucher et de ses élèves, dont notamment RAABE, GUERIN, WATCHER, RUL, et de ses discussions avec BACCARAH dans les Trois tomes de l’ « Histoire de l’Ecole Française » de D.OLLIVIER,
JP: ca c’est bien vrai: il n’y a pas de bon dressage sans le controle du tronc du cheval par les eperons et les jambes, donc effets lateraux ou diagonaux comme on prefere. Oliveira dit: “Mettez le cheval en position diagonalisee par une serie d’effets lateraux – il y a moins de danger que dans les effets diagonaux qui tordent le cheval”. Le cheval d’aplomb de cote a cote (effet des jambes) est bien plus important qur l’equilibre d’avant en arriere (effet des mains) car le second decoule du premier et s’organise seul, une fois qu’on a aide le cheval a neutraliser son assymmetrie naturelle qui le contracte et l’empeche de respirer a fond.
J’ai monte mon cheval ce soir dans mon manege au galop tres energique, juste et a faux, les renes longues et le nez tres bas et il n’a jamais perdu son equilibre une seule seconde car il etait droit entre mes jambes (bien que sur l’avant main et que mon sol glisse un peu). Les chevaux n’ont pas besoin d’etre sur les hanches pour etre equilibres si ils sont relaxes, et ca ce n’est possible que si ils font la rotation axiale propre a une incurvation correcte (decrite precedemment) et produite par l’effet judicieux des eperons.
Voche: “au début la mise en main est demandée sur la pression progressive des jambes (mollets) aux sangles (les mains faisant évidemment opposition pour que le cheval n'éloigne pas son bout du nez de son corps; "le cavalier fixe la main sans pour cela tirer à lui. Il oppose ainsi une barrière qui doit empêcher d'aller au delà, mais ne ramène pas en deçà." RAABE) et si cela ne suffit pas (au début cela ne suffit pas en effet) l'éperon arrive selon une sage progressivité : toucher de l'éperon, puis pincer délicat de l'éperon et si cela ne suffit toujours pas, petites attaques de l'éperon (dans toutes ces actions, les jambes agissent juste derrière la sangle c'est à dire un peu en avant de la position des jambes tombant normalement).
- puis il arrive un moment ou la seule demi tension des renes suffit à obtenir la mise en main: le cheval en effet, sachant ce qui va arriver s'il n'obéit pas, s'empresse de donner la mise en main (cession de nuque sur une encolure relevée, cession de machoire) afin d'éviter à subir, ce qui est désagréable pour lui, les jambes ou les éperons. "l'attention continuelle qu'apporte le cheval à céder pour éviter l'éperon, fait que le cavalier n'a plus besoin de s'en servir, et qu'il peut réellement monter avec les jambes libres et tombant naturellement" (WACHTER p27)
C'est du moins ce que m'a fait travailler D.OLLIVIER et j'ai été très surpris du résultat car jusqu'ici je ne concevais pas que les jambes puissent avoir ce pouvoir. Cependant je n'en suis pas encore à obtenir la mise en main avec la seule demi tension des renes : je dois encore utiliser la pression modérée des mollets pour y parvenir.”
JP: on peut avoir la mise en main par la main seule, par la jambe seule (contact minimum) ou par les 2 a la fois (ou par le tapping des jambes ou de la cravache, qui est une forme plus gentilles des “attaques” - question de vocabulaire). La ou je pense que les maitres se fourvoyaient dans leur logique, c’est que le cheval ne reagit pas a la main par peur de l’eperon bien utilise, mais simplement parcequ’il a atteint ce stade de dressage apres de nimbreuse cessions successives et a succes. La cession par l’effet du mors seul prend beaucoup plus de temps que la cession a l’eperon parce qu’elle est beaucoup moins naturelle. Aller chez le dentiste et reparlons-en, alors que quelqu’un qui vous met 2 doigts autoritaires sur les cotes depuis votre arriere vous arretera sur place sans effort. Les forcados portugais arretent les taureaux de combat du galop avec un “effet sur l’eperon” instantane et sans dressage prealable (ils attrapent la peau du taureau a la main de chaque cote des cotes. Je ne crois pas du tout que les chevaux de Beudant trouvaient ses eperons effrayants, car ils calment le cheval et ne le rendent aucunement nerveux.
Bon , je me suis bien amuse a ecrire tout ca, il est tard.
A plus. JPG
Merci JP, je pense que ces développements précis et organisés intéresseront beaucoup de forumeurs ... et votre style imagé et direct, accompagné de toutes les explications que votre longue expérience pratique et votre culture équestre vous permet de donner, en fait toute la valeur !
merci beaucoup pour ces lectures intéressantes dont certains passages collent si bien avec les explications et conseils qui m'ont été dictés et montrés par un ami cher ! (usage de l'éperon)
Ah ! On aura au moins gagné cela ! ;°)