À la française
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La notion d'alignement des centres de gravité, je l'avoue, me dépasse tout en me paraissant hasardeuse. Je préfère m'en tenir à l'alignement des volontés, des esprits et disons le, des coeurs entre le cheval et son cavalier.
Des transitions répétées entre les trois allures sur un cercle de 20 mètres (un quart de cercle pour chaque allure) en recherche de perfection (énergie, fluidité, soutien) m'en apprendront certainement plus par le sentiment que toutes ces notions invérifiables.
Je ne suis jamais autant heureux que lorsque je constate que le cheval cherche à me faire plaisir et en tire fierté.
Olivier:
Mais si votre propos est de condamner la notion de "système absolu", alors je suis bien d'accord avec vous, tout en pensant malgré tout que, aussi souple (mentalement et physiquement parlant), soit le cavalier, il ne pourra pas suivre 2 systèmes que tout oppose, ou presque. Un compromis tel que ce que voudrait être la Tradition française est, de mon mon point de vue, comme tout compromis : un pis aller.
Plus j'avance (modestement) dans ma réflexion, plus je pense qu'il faut donner la priorité à l'une ou l'autre des équitations, en fonction de ses goûts, des chevaux que l'on monte, et de ses moyens. L'idéal étant bien sûr de maîtriser suffisamment les deux façons d'avancer pour y puiser chaque fois que l'on en a besoin ce dont on a besoin. Mais ça, je ne suis pas sûr que quelqu'un, même N.O., y soit complètement arrivé un jour... parce que les 2 écoles ont quand même des approches fondamentalement différentes.
Les deux systèmes, les deux écoles, pourrais-tu préciser? Comme tu places «la Tradition française» en position intermédiaire j'avoue que je suis perdu...
À mes yeux, il y a deux grands systèmes, deux grandes équitations :
- La Guérinière - Steinbrecht
- Baucher
Je situe la tradition française comme une tentative de compromis entre ces deux écoles (Decarpentry par exemple)
En y mélant NO, je fais un amalgame qui n'est pas exact, parce que NO, en fait, tel que je le comprends, ce serait plutôt un mélange entre 3 influences : les deux précédentes et l'équitation ibérique.
Ce que je voulais surtout souligné, c'est que, pour ce que j'en sais et que j'en ai vu, faire un compromis entre les différents systèmes relève quand même de la gageure ; le compromis ne peut pas être "équitable", l'une des écoles prend forcément le pas sur l'autre.
Mais pour en revenir aux centres de gravité... et la question s'adresse à tous.
Penses-tu vraiment que Steinbrecht se préoccupait, à cheval, de chercher où était son centre de gravité, où était celui du cheval, et de superposer les 2 par un habile calcul ? Ne crois-tu pas qu'il s'agit avant tout d'une image comme lorsque l'on "plie" le cheval, qu'on "l'enroule" autour de la jambe, etc. ?
Longitudinalement, si le centre de gravité du cheval était devant le pommeau ou derrière le troussequin, j’aurais bien du mal à placer le mien à sa verticale. Et si les deux s’alignent sur une verticale, c’est juste un heureux hasard non ?
Latéralement , c’est plus interessant, on doit je crois s’aligner , se mettre dans l’axe pour le meilleur équilibre.
Mais on peut se poser la question de savoir, pour par exemple aller en deux pistes, s’il faut décaler son propre poids pour inciter le cheval à revenir dessous, ou bien rester parfaitement aligné et demander autrement.
Olivier,
Je suis plutôt réticent sur cette manière (largement consensuelle) de caractériser les grandes approches de l'équitation, parce que LG porte les traits d'une équitation latine, et il a cela de commun en particulier avec le bauchérisme.
Le culte de la légèreté est le plus clair de ces traits; il n'y a pas chez Steinbrecht de descente de main, alors que LG comme Baucher la prennent en compte. Comparer Aubert et Steinbrecht montre un éloignement certain entre le classicisme allemand et son équivalent français; d'ailleurs Aubert écrit quelque part que l'enrênement fixe pour longer (inventé par les allemands) ne doit pas être rejeté pour la seule raison que c'est une invention allemande, ce qui montre à quel point le classicisme français issu de l'école de Versailles avait de préventions vis-à-vis de l'équitation germanique.
C'est à mon avis à la suite d'un hold-up idéologique que les allemands se présentent comme les héritiers de l'équitation de La Guérinière, facilité par le peu de révérence qu'elle suscite à tort en France.
Tout ceci entre nous, je ne veux lancer aucune polémique!
Non, il n'est pas nécessaire de lancer une polémique.
Je me réfère à la présentation courante des diverses écoles, d'une part, et d'autre part au fait que je trouve quand même nettement plus de similitudes entre les écrits de LG et ceux de Steinbrecht qu'entre les écrits de LG et ceux de Baucher.
NO n'écrivait-il pas que Steinbrecht était celui qui avait écrit l'explication la plus claire (ou la plus complète ?) de l'EED ?
J'ai souvenir que Steinbrecht utilise assez souvent le mot légèreté, sans majuscule, il est vrai, tout comme LG, d'ailleurs, me semble-t-il.
À ce propos, je ne sais pas quand est apparu le terme "Légèreté" avec une majuscule ni qui l'a le premier utilisé et défini.
PS. Toujours sans souci de polémique mais parce que discuter avec quelqu'un qui a une grande culture équestre est un encouragement à se cultiver.
Je suis donc aller lire rapidement Aubert (que je lirai plus posément par la suite).
Aubert constate que "chez plusieurs écuyers il y a un peu de prévention contre tout ce qui se rattache à la méthode allemande." (Au passage, méthode qui n'est peut-être pas encore alors celle codifiée plus tard par Steinbrecht.)
Mais à côté de ça, ce qu'il dit de Baucher dans ses "Observations sur le système de M. Baucher...", avec l'approbation d'Écuyers de l'équitation classique française, c'est autrement plus violent. Aubert ne rattache absolument pas Baucher à La Guérinière et il est, tout en restant très courtois, presque plus dur avec Baucher que ne le sera Steinbrecht plus tard. J'avoue que j'ai même été surpris de la profondeur du gouffre qui sépare un écuyer se revendiquant de Versailles de Baucher... Son jugement sur Partisan est sans appel.
Olivier,
Je suis tout à fait d'accord avec tes remarques sur Aubert critiquant Baucher, qui était bien l'ennemi numéro un du classicisme de l'époque (de tous pays). Mais les différences entre les critiques d'Aubert et celles de Seeger sont elles mêmes assez considérables.
Et ces critiques ne m'empêchent pas de penser que, de manière certes très différente, Aubert et Baucher sont deux «partisans» de la légèreté (et je ne mettrais pas d'Aure dans cette liste), ce que Seeger ou plus tard son élève et gendre Steinbrecht ne furent pas.
Au fait, pour en rester à ce thème, je crois que les allemands du XIXème voient la légèreté comme résultat du dressage, alors que l'école française (latine) en fait un principe permanent du dressage.
Quoiqu'il en soit, merci d'avoir retrouvé le passage d'Aubert où il évoque la méthode allemande, peux-tu me rappeler le chapitre?
En tous cas , les photos que l'on trouve çà et là de Mr Oliveira en selle ,
avec l'épaule et la hanche externe du cheval à la même distance du mur
montrent que , s'il jugeait que la description de Gustav Steinbrecht sur l'épaule en dedans était claire et complete ,
pour autant , il n'en tenait pas compte ...
Jean,
Chapitre XXVII - Du surfaix d'enrênage, dit à l'allemande.
Pour ce qui est légèreté, quand on lit la critique d'Aubert sur Baucher, il ne lui en trouve guère.
Il est vrai que le livret est écrit en 1842. Mais c'est quand même argumenté sur l'observation des chevaux qui ont fait la renommée de Baucher. La deuxième vie équestre de Baucher semble n'avoir pas laissé autant de traces tangibles de son travail intellectuel, pour autant que je sache. Dès lors...
Mais ce qui m'intéresse le plus, c'est de comparer les écrits de LG et Steinbrecht pour essayer de comprendre ton point de vue ; je dois dire que d'après mes souvenirs, les différences ne sont pas si fondamentales. Je reconnais cependant avoir moins lu LG que Steinbrecht dont le bouquin m'a paru d'une très grande limpidité comparé à beaucoup de choses que j'avais pu lire auparavant. Mais je vais m'y replonger par curiosité, avec l'esprit d'y chercher les différences. Quoi qu'il en soit, ce sont des lectures qui ne peuvent pas faire de mal !
upwelling,
Je n'ai pas la prétention de devenir écuyer, ni grand ni petit, mais simplement un honnête cavalier.
Je me refuse donc à rejeter systématiquement tout ce qui ne serait pas conforme à l'école équestre qui me parle le plus.
J'ai plutôt du goût pour une équitation "classique", disons même classique allemande, s'il faut faire une différence. Le Gymnase de Steinbrecht me parle beaucoup. Et les meilleurs écuyers contemporains qui s'en inspirent font un travail que j'apprécie, même s'il y a, comme toujours, des choses à redire.
Cela ne m'empêche pas d'avoir beaucoup d'admiration pour le travail de N.O.
Bien sûr, je n'y trouve pas tout ce que je cherche. Mais c'est une équitation qui a donné de bien belles choses à voir. Et il s'avère que j'ai eu le plaisir de voir Jean la pratiquer et que c'était un très beau moment que je garde en mémoire.
Dès lors qu'elle respecte l'intégrité du cheval, je ne vois pas pourquoi il faudrait restreindre l'équitation à une seule manière. Demanderiez-vous la même chose pour la littérature ou la peinture ?
France, je ne sais pas qui a écrit cela, mais sur les aides de poids que vous décrivez, Steinbrecht est intarissable.
Je ne suis pas sûr que l'opposition soit entre le système pour le système et le ressenti.
Peut-être que, selon nos expériences et les chevaux que nous avons rencontrés, nous pouvons, les uns ou les autres, en avoir tiré des conclusions différentes.
Mais si votre propos est de condamner la notion de "système absolu", alors je suis bien d'accord avec vous, tout en pensant malgré tout que, aussi souple (mentalement et physiquement parlant), soit le cavalier, il ne pourra pas suivre 2 systèmes que tout oppose, ou presque. Un compromis tel que ce que voudrait être la Tradition française est, de mon mon point de vue, comme tout compromis : un pis aller.
Plus j'avance (modestement) dans ma réflexion, plus je pense qu'il faut donner la priorité à l'une ou l'autre des équitations, en fonction de ses goûts, des chevaux que l'on monte, et de ses moyens. L'idéal étant bien sûr de maîtriser suffisamment les deux façons d'avancer pour y puiser chaque fois que l'on en a besoin ce dont on a besoin. Mais ça, je ne suis pas sûr que quelqu'un, même N.O., y soit complètement arrivé un jour... parce que les 2 écoles ont quand même des approches fondamentalement différentes.
Aïe... Jean va peut-être me reprendre de volée ! ;-)
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