Question entre laissez faire et l’autorité
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Nous sommes au 6eme jour d’adaptation le 4 Décembre et pour Vodisea et moi c’est du travail de jeux d’enfants…Nous nous amusons à apprendre à nous connaitre.
Le matin quand j’arrive je prend la température de son moral.
Je n’attends rien qu’à avoir son attention au sortir de son pré.
Nous sommes en extérieur et en longe.
Je sens qu’elle peut passer d’un instant à l’autre dans une 4eme dimension tant ses sens sont phéroménales.
Nous passons à pieds pour la 1ere fois le long du manège intérieur et en atteignant l’arrière du bâtiment il y a un petit chantier qui fait un petit carré au-delà duquel se cache un petit sentier qui part dans les bois, il est virtuellement invisible tant la broussaille y a pousser.
Mais Vodisea s’y arrête en le repérant net alors qu’elle n’est qu’à 6 mètres de là…
Dois-je m’en flatter, faire l’indifférente ou la reprendre afin qu’elle ne s’arrête pas quand elle veut sans que je le lui en ai fait la demande afin de ne pas renverser les rapports supposément préétablis du dominant dominé?
Non, je reste sincère à ma volonté de découvrir cette liberté que possède ma jument en harmonie avec ses sens toujours en alerte qui font travailler ses 13 petites paires de muscles des oreilles fixés vers l’avant qui posent comme pour un livre de photos…
Nous frémissons de plaisir ensemble car elle sait que je la vois, qu’elle a cette allure noble de son père Quarteto do Top et qu’une telle beauté sauvage ne s’oublie pas…
Ce n’est pas de l’incertitude que je lui communique c’est l’émerveillement du moment , Nous vivons le moment comme à Carpe Diem!
Je sais que cette philosophie ne sera pas toujours partagé par les “traineurs” qui se veulent en hiérarchie dans l’ordre des rapports entre l’homme et le cheval et qui sont à tout moment prêt à resserrer la pression sans laisser sentir …
Avec le cheval ou le poulain l’apprentissage doit-il toujours être blanc ou noir et jamais gris? Ou peut-on en contrepartie varier les tons en toute sincérité sans perdre cette harmonie entre l’animal, la nature et l’homme?
Dans les lectures, il y aussi "Quand le cheval a peur" de Véronique de St Vaulry qui donne plein de bons conseils même si le cheval n'a pas peur.
Et dans les éléments qui peuvent inquiéter le cheval, il ne faut pas oublier les odeurs auxquels ils sont très sensibles. Dans le petit bois, il y a peut être des passages d'animaux.
Sinon, je suis d'accord avec Françoise, il ne faut pas de gris: le cheval est plus à l'aise à mon avis s'il peut anticiper nos réactions donc si on répond toujours de la même façon à un évènement dans un contexte donné: par exemple, ma jument sait qu'elle peut manger de l'herbe si elle est arrêtée et que je la tiens en licol, mais qu'elle ne peut pas si elle est attelée (et elle ne cherche même pas à le faire; elle attend sagement).
Merci de vos conseils j’y consacrerai un peu de temps quand le temps me reviendra…
Il est vrai qu’aujourd’hui ma jument s’est arrêté un moment donné et ne voulait plus avancer par contre j’en ai profité pour la faire avancer latéralement , ensuite reculer quelques mètres pour finalement rejoindre l’endroit où je voulais la mener la séance suivante.
Peut-être que sa réactivité ou sa façon subite de refuser d’avancer venait du souvenir de la cohorte de coyotes qui se sont fait entendre à 2 heures du matin au dire du propriétaire des lieux aujourd’hui. Ce sont ces moments où nous apprenons à nous connaitre même quand ils sont temporairement frustrants qui lorsqu’ils se terminent sur une chose bien faite qui sont si gratifiants…
Hi, les coyotes, on n'a pas ça par ici ! Nous c'est plutôt les sangliers !
Si la jument a peur toujours au même endroit, vous pouvez la faire travailler là où ça va bien et venir la récompenser près de l'endroit effrayant. Une fois le stress passé, la curiosité l'emporte souvent sur la peur et le cheval commence à s'approcher et à sentir les zones qui lui font peur. Quand ma jument en est à ce stade, je l'encourage avec un "va voir". Si bien que maintenant, quand elle a peur et que je lui dis "va voir", la curiosité l'emporte sur le stress beaucoup plus rapidement qu'à nos débuts.
J'ai une jument qui lorsque quelque chose est inquiétant (hors réaction thalamique bien entendu) se met en marche telle la femme du chef gaulois armée de son rouleau à pâtisserie pour aller demander des comptes à cette chose effrayante. Elle secoue la tête de bas en haut comme un geste vengeur (pour adapter sa vision qui est prévue surtout pour une vision panoramique au ras du sol).
C'est cette fameuse poulinière qui ne produit que des indicés.
Elle est particulièrement insupportable, mais... si belle, une vraie madone incarnée cheval.
:)
Marit:
Et est ce que ses poulains ont le meme comportement que leur mere? je ne sais pas si c'est inssuportable... je trouve ca plutot rigolo.
La mienne fait pareil en liberte> si c'est un objet , elle fonce dessus ( elle m'a fait le coup avec un motocycliste, elle l'a charge!). par contre le bruit etranger l'inquiete et l'indispose tant qu'elle n'arrive pas a associer le bruit avec un objet. Ce qui est tres embetant avec les microphones lors des competitions: je vais essager les bouche oreilles cet hiver et voir si ca l'aide.
Est-ce que le motocycliste était en mouvement ? Parce que ma jument peut faire ça aussi avec les voitures (elle en a peur: une voiture lui est déjà rentré dedans...). J'ai trouvé ça bizarre jusqu'au jour où je l'ai vu faire la même chose avec un cheval qui venait vers elle. Mais là, l'interprétation me semblait évidente: je ne veux pas de toi dans ma bulle, pousse toi. Et donc je pense qu'avec ce comportement, elle cause cheval avec la voiture: "pousse toi, tu viens trop près". Mais la voiture, elle ne comprend pas !
Les descendants sont aussi assez... hmmm comment dire. Ils ont pas mal de caractère. Pas méchante pour un sou, mais du jus, du jus....
C'est assez difficile de gérer au quotidien une jument qui ne tient pas en place, qui fait des croupades des cabrioles des bonds sur place les quatres pieds au dessus du sol pour simplement signifier "ici c'est mon tas de foin", qui poursuit à travers le pré les juments qui n'auraient pas compris le message.
Qui donne un fameux coup de tête au bon moment pour casser le licol (même en main) et partir à fond les ballons, qui en camion, même avec son inséparable congénère, chante durant tout le voyage, qui au haras ne peut être séparée de sa grande copine au point qu'il faille les mettre dans le même boxe, qu'elles aillent ensemble à la barre...
Elle est très belle, heureusement, le plaisir des yeux compense le caractère.
:)
Malheureusement ce ne sont pas des chevaux à mettre entre toutes les mains.
Sa fille (une belle plante de 750kg fille de Diamant) a été en mon absence "démontée" dans un camion, c'est à dire qu'elle a reçu une telle, soyons pudique, "correction" qu'elle s'est couchée de terreur (yeux révulsés) le jour ou je l'ai embarqué pour la ramener à la maison.
Ce sont des chevaux pour lesquels il faut savoir adapter le style de vie.
Faire de l'autorité pour de l'autorité est totalement inutile, on ne change pas une telle nature.
Message édité par: marit, à: 2010/12/11 21:38
"Faire de l'autorité pour de l'autorité est totalement inutile, on ne change pas une telle nature"(Marit)
Ca c’est une évidence seulement il y a des moments je viens à me demander si ma jument qui apparemment docile dans le pré mais qui dès qu’elle en sort retrouve son état sauvage comme il lui arrive dans le manège intérieur par exemple où elle cherche à ruer et s’emballer je me demandes si elle le fait parce qu’elle a peur ou pour éviter une action aussi simple que marcher… N’oublions pas sa nature possiblement alpha et ayant vécue toute sa vie en troupeau.
Ce qui m'ennuie est que je viens à hésiter comment je dois réagir en ces moments et il est évident comme dit Francoise et Nicole qu'alors elle le sentira et ne pourra plus être sur de moi car à ce moment là nous sommes dans le gris….
Soit la porte du manège ( étant restée ouverte étant trop dure à fermer et que faire de la jument en main?) laissant transparaitre la luminosité éclatante de la neige et du soleil à l’extérieur lui fait réellement peur et mon devoir est de caresser et de la rassurer soit elle fait sentir son coté dominant qui refuse d’avancer raclant ses narines et son pieds au sol, ruant ou faisant ses bonds de gazelle par évitement et je dois apprendre à être plus précis dans mes gestes pour engager son postérieur avant qu‘elle me fasse face... Soit un peu des deux ?
Je sens que je vais peut-être bien être obligée de trouver un traineur dans la lignée de Bil Dorrance ou Roy Hunt question de rattraper le temps perdu (30 ans pour moi et 8 ans pour ma jument !)
Je veux dire CABRER et non pas ruer!! vous devez m'excuser mais cela fait près de 40 ans que j'habite les Etats-Unis et je perds mon Latin.
je pense , et pour cause (j'ai du laisser du gris un peu chez mon jeune!) qu'il vaut mieux que ce soit noir ou blanc, tout simplement pour son confort , physique et psychologique, le cheval et vous pourrez si j'ose dire "vous aimer pleinement" si au prealable le respect mutuel est parfaitement établi..et immuable...
j'y travaille très activement , c'est un sujet d'actualité pour moi..c'est pourquoi je me permets de vous repondre..
parce que si le cheval n'est pas sur de vous, de votre légitimité,il deviendra anxieux dans certaines situations qui sont susceptibles de l'inquieter et s'il est contraint d'y rester avec vous ou "sous vous".. et de là naitront pas mal de dissonnances et quiproquos frustrants pour les deux!(il essaiera de fuir et vous ne serz pas d'accord)ça met des nuages dans la relation, je trouve!
a ce propos je me permets de vous signaler l'excellent article a ce sujet qu'il y a dans cheval magazine de décembre, je vous suggère aussi de lire mr Blondeau, mr Luraschi, et me Andy Booth qui intervient tous les mois dans cheval pratique!
bien amicalement, françoise