de l'eohippus à l'equus

Un territoire pour un cheval est un magasin à nourriture, mais une prairie peut dans certains cas, apporter un petit complément alimentaire et dans d’autre, n’être qu’une cour de détente, et encore.....

On peut donc considérer que :
— Le territoire est un grand espace libre choisi par le cheval, un lieu fournissant nourriture, eau, détente et un peu de sécurité.

— La prairie (ou pré) est un espace clos attribué par l’homme qui n’en choisit pas toujours l’implantation géographique (propriété héritée). Elle assure la sécurité et dans le meilleur des cas, un petit complément alimentaire. Trop souvent on y rencontre le surpâturage et la pollution parasitaire.
L’usage de la prairie, correspond aux techniques humaines. Parfois, les chevaux conduits au pré se regroupent dans un coin, s’émouchent en attendant l’heure plus propice pour brouter quelques herbes,… au petit matin, lorsque le soleil n’a pas encore réveillé les insectes volants.
L'intérêt est de faire correspondre les heures de sortie avec le climat ambiant.
Une bonne prairie sera plus ou moins grande en fonction de l’âge et du nombre des chevaux qu’elle enferme. Les "lourdes" poulinières y apprécieront la végétation, l’exposition, le calme.
Les poulains et yearlings préfèrent l’espace pour les courses et les jeux.
C'est l'instant pour observer : un futur champion est un guerrier, un combattant qui montre déjà sa joie de vivre, sa dominance, son goût à la lutte et la qualité de sa locomotion et de son équilibre, sa capacité à changer de pied au galop sans reprendre le trot. On y observe aussi les postures de fuite, les postures d'arrêt, les ruades mais aussi les roulades, ....
Un futur champion montre toutes les qualités de son futur "métier".
Le sol argilo-calcaire (pH neutre) permet une bonne résistance à la sécheresse, au piétinement, au développement du plantain, des pissenlits, trèfle rampant, graminées, sans oublier les arbres pourvoyeurs d’ombre et parfois aussi d’insecticides (pins, eucalyptus, mais aussi romarin, sauge, fenouils, thym…,…,…. )
La végétation ne doit pas interdire le rayonnement du soleil qui chauffe le sol et détruit une part de parasites et assainit le sol, sèche les crottins. Aussi il est important de s’assurer d’une bonne activité de la faune (décomposition des végétaux secs, enfouissement des crottins,….)
Plus la flore en terrain argilo-calcaire au pH neutre est variée, meilleure est la prairie.
S'assurer d'un point d'eau fraiche et propre ainsi que l'élimination des causes d'accidents possibles, barrières, clotures, fossés, corps étrangers, poluants, etc ....
 Une bonne prairie doit offrir le confort de l’habitat : il n’est pas normal que l’homme lui-même veuille quitter les lieux. Il faut se plaire au milieu des chevaux en prairie. N’oublions pas qu’une jument "emprisonnée" dans un pré inhospitalier est en état de stress et que son futur poulain risque d’en subir certaines conséquences.

Le soir les poulains qui attendent l'homme pour rentrer au plus vite (comme ces chevaux qui s'énervent en rentrant du travail). Ceux qui vous oblige à arpenter le fond des grandes prairies et qui rentrent à regrets.

— le clos, (paddock) c’est souvent un pré trop petit ou de mauvaise qualité dans lequel les chevaux ne veulent pas brouter où le piétinement intempestif interdit la pousse de l’herbe.
Il faut exclure les sols de limon, de tourbe ou trop frais, acides dont les végétaux aux larges feuilles, peu appréciées des chevaux, interdisent l’ensoleillement et préservent les insectes parasites, et souvent des streptocoques (et autres) aux graves conséquences sur les animaux. (voir le document proposé par Christopher)

Le sujet est immense, voici quelques idées en vrac qui peuvent mettre la réflexion au travail, tout cela n’appartient pas à l’expérimentation de laboratoire mais au bon sens de l’éleveur.

merci Christopher, ce document est très riche d'informations et semble complet .

 Bonsoir, vous ne parlez pas "complètement" des crottins...
En ce qui me concerne, je les ramasse quotidiennement sous les arbres où se tient le cheval le plus souvent en ces moments de chaleur et de mouches (et lorsqu'il y en a sur les endroits pâturés). Je ne conçois pas de les laisser... 

Cela permet de me rendre compte qu'une partie de l'orge germée que je lui donne n'est pas digérée... et que les scarabées se réfugient dessous...

J'ai trouvé ceci  http://www.inra.fr/opie-insectes/pdf/i149-giraud.pdf
Il y est dit que l'ivermectine contenue dans un vermifuge et retrouvée dans un crottin intoxique les scarabées...
A chacun sa sensibilité...

Bonjour Philippe,

La gestion des crottins au pré est directement liée à la superficie qui engendre le surpâturage.
Souvent, dans les grandes prairies, les chevaux laissent leurs crottins dans une partie du champ qu’ils ne broutent pas ; c’est le coin des refus d’herbes hautes abandonnées à d’éventuels bovins…..
Pendant les (trop) chaudes journées d’été, les chevaux se regroupent à l’ombre d’un arbre harcelés par les mouches que les crottins attirent.

La collecte des crottins peut présenter bien des intérêts et surtout comme vous le signalez, pour éviter le plus possible le parasitage soit par ingestion directe soit par contamination de l’herbe. Dans un pré de 3 — 5 ha le ramassage devient très compliqué. Ces problèmes nous conduisent à l’entretien des prairies. (2 mots)

Une coupe régulière des refus de pâturage permet au soleil d’atteindre le sol, évite la montée à graines de plantes indésirable (oseille) et par décomposition des parties végétales sur le sol, permet de réduire leur développement.
Un épandage de chaux, permet de remonter le pH du sol, d'éliminer une partie de la flore (acide) (renoncules, oseilles, etc), d'augmenter l'activité bactérienne du sol (décomposition rapide des crottins et des herbes sèches, meilleure pousse de l'herbe, réduction des plantes "refus".
Un labour et un épandage de sulfate de cuivre peuvent réduire la densité des tiques dans les mauvais clos.

ces mesures ont une incidence directe sur l'état de santé des chevaux.
Chevaux et parasites sont indissociables, il reste maintenant à trouver le meilleur équilibre possible. (les vermifuges sont des produits dangereux, qui perturbent la flore intestinale et tout l’être).
L’entretien le plus efficace contre le parasitage semble être l’ensemble des mesures évitant les densités surnuméraires.
Au box, la jument suitée, bénéficie d’une collecte répétitive des crottins.
au box aussi, c’est le lieu idéal pour récolter les pontes collées aux poils des membres (geste obligatoire)

Au pré (selon les surfaces et densités) le broyage, le hersage et l’épandage annuel de chaux sont des gestes utiles.

Faut-il rechercher un équilibre sanitaire ou un parasitage zéro ??

Les démarches qui consisteraient à faire une étude-observation de l’animal à l’état sauvage pour une application à nos chevaux d’élevage sont une hérésie.

Nos chevaux sont destinés à vivre sous les contraintes des hommes et de donner des performances.
Nous sommes tenus à mieux connaître nos chevaux et à définir un protocole intégrant le mode et le rythme de vie le meilleur à chaque cheval.
L’individualisation des soins est un facteur déterminant dans la réussite tant au niveau de la génétique qu’à celui de la performance.

Il y a quelque temps, nous discutions et échangions sur le caractère et la morphologie de nos montures.
le but de cette démarche était la prise de conscience qu’un cheval n’était pas comme un autre cheval.
Dès la naissance, le tempérament est identifiable, peu modifiable mais contient toutes les exigences liées. Notons aussi que dès cet instant, l’on peut déjà reconnaître certains pour leurs aptitudes à la performance.
Et ceci, indépendamment de leur génétique. Les propres frères ne se ressemblent pas, c’est, du moins, assez rare !)
Et, si c'est le cas, il leur est impossible d'avoir les m^mes pathologies avec les mêmes conséquences et aussi d'avoir la même flore intestinale, et ainsi de suite, ... L'expérience des clones fut révélatrice à ce sujet, enfin ....
je suis désolé, pour ceux qui espère une recette applicable, ça n'existe pas.

Il ne faut pas minimiser l’action de l’homme mais l’individualiser pour mieux l'adapter au cheval : au bout est la performance.

Bruno, prenez-vous en compte les émotions chez le cheval ?

Par émotions, j’entends les stress.

Stress dû au local, aux congénères, à l’aliment selon sa qualité, mauvaise digestion, pathologie, à l’âge, aux odeurs, aux bruits inconnus, l’accouplement et les transports, etc.

Catherine, d’après l’état de santé des géniteurs, les conditions environnementales au moment de l’accouplement sont d’une importance capitales :
le passage à la barre, le chargement en van, le temps météorologique, (chaud, froid, ciel couvert, ciel bleu, venteux ou calme,) le transport et la conduite du chauffeur, la séparation du poulain pour le transport, la découverte de l’étalon avec son tempérament, la saison (fin d’hiver ou printemps) toutes ces conditions déterminent le poulain au niveau des chromosomes et du développement de l’œuf avant la nidification.
A partir de 128 cellules le développement est en rapport plus direct avec la mère.

toutes les réactions au stress concernent les émotions. A ce stade, l’éleveur expérimenté peut "orienter" le poulain.

Cette question est capitale. Souvenons-nous des salades ..... chez elles, les effets sont mécaniques.
(je ne divulguerai ni les moyens, ni les résultats à ce sujet)

Avant de parler performances, il faut engager une démarche holistique et chercher le maillon faible qui anéantira le programme du champion.
Il y a :
ce qui concerne la constitution c’est le déterminisme, l’inné. Mendel constatait sans en connaître les raisons qu’il obtenait 25 % de poids ridés, 25 % de poids lisses et 50 % de poids hybrides mais n’a jamais abordé les causes.
ce qui concerne la croissance c’est l’évolution après les différenciations cellulaires dans les meilleures conditions.
et ce qui concerne les accidents (pathologies, pollutions, accidents, alimentation) qui viennent interférer sur les programmes

et puis, ce que l’on constate en fin de chaîne, le vainqueur ou le vaincu pour raisons physiques.

Merci Bruno.

Avec ou sans performances,

plus on approfondit la question équestre, plus la nature du cheval remonte.

Merci Catherine, c'est toujours un plaisir d'exposer ce sujet.
L'éleveur a encore devant lui une immense plage déserte.